|
|

19 septembre 2005
Rome
L’évêque est un maître de la foi, affirme Benoît XVI
Mgr Cordes : Il ne faut pas abandonner les Etats-Unis
face aux conséquences de l’ouragan
Entretien
La psychologie redécouvre le pouvoir du pardon (II)
International
La Caritas a recueilli 368 millions d’euros en faveur
des victimes du tsunami
- Documents -
Document préparé par la curie générale des
missionnaires d’Afrique concernant le p. Guy Theunis
|
|
 |
|
|
|
Rome
L’évêque
est un maître de la foi, affirme Benoît XVI
Le pape reçoit les évêques récemment ordonnés
ROME, lundi 19 septembre 2005 (ZENIT.org)
– Parmi les nombreuses missions d’un évêque, Benoît XVI a rappelé ce
lundi qu’un évêque est avant tout un « maître de la foi », qui doit
mettre toute sa confiance dans le Seigneur.
Le pape a en effet reçu ce lundi dans la résidence pontificale de
Castel Gandolfo, 110 évêques qui ont reçu l’ordination épiscopale au
cours de l’année, venus accomplir un « pèlerinage sur la tombe de
saint Pierre » du 13 au 21 septembre.
« Alors que vous effectué vos premiers pas dans la charge épiscopale
vous vous êtes déjà rendus compte combien sont nécessaires l’humble
confiance en Dieu et le courage apostolique qui naît de la foi et du
sens de responsabilité de l’évêque », a déclaré le pape.
« L’apôtre Paul en était conscient, a-t-il expliqué, lui qui face au
travail pastoral, remettait son espérance uniquement dans le
Seigneur en reconnaissant que sa force venait exclusivement de Lui
».
« Chacun de vous, chers frères, doit être sûr que dans l’exercice de
son ministère il n’est jamais seul, car le Seigneur est proche de
lui par sa grâce et sa présence », a insisté Benoît XVI.
Rappelant que « l’annonce de l’Evangile est à l’origine de l’Eglise
», le pape a souligner qu’un évêque est avant tout un « maître de la
foi ».
« En tant que successeurs des apôtres, a expliqué Benoît XVI, chers
confrères, vous êtes doctores fidei, des docteurs authentiques qui
annoncent au peuple, avec la même autorité que le Christ, la foi à
laquelle il faut croire et qu’il faut vivre ».
« Vous devez faire redécouvrir aux fidèles confiés à vos soins
pastoraux la joie de la foi, la joie d’être aimé personnellement de
Dieu qui a donné son Fils Jésus pour notre salut », a-t-il
poursuivi.
« Croire, en effet, consiste, comme vous le savez bien, surtout à
s’abandonner à Dieu qui nous connaît et nous aime personnellement et
accueillir la vérité qu’Il a révélée dans le Christ avec cette
attitude confiante qui nous porte à avoir confiance en Lui,
Révélateur du Père. Malgré nos faiblesses et nos péchés, Il nous
aime et son amour donne un sens à notre vie et à celle du monde », a
ajouté Benoît XVI.
Pour aider les évêques à guider les fidèles, le pape les invite à
s’appuyer sur « deux documents de la foi de l’Eglise, afin qu’ils
soient des points de référence de votre enseignement et signe de la
communion de foi que nous vivons » : le Catéchisme de l’Eglise
catholique et le Compendium du Catéchisme, « synthèse fidèle et sûre
du texte précédent ».
« Mettez tout en œuvre afin que l’année de l’Eucharistie qui touche
désormais à sa fin laisse dans le cœur des fidèles le désir
d’enraciner toujours davantage toute leur vie dans l’Eucharistie.
Que l’Eucharistie soit, également pour vous, la force inspiratrice
de votre ministère pastoral », a exhorté le pape.
Benoît XVI a conclu en rappelant que l’évêque doit être
particulièrement attentif à la manière dont il célèbre la messe, car
cette manière de célébrer « nourrit la foi et la dévotion de ses
prêtres et de ses fidèles ». Il doit également « veiller avec soin à
la participation des fidèles à la messe du dimanche dans laquelle
retentit la Parole de vie et dans laquelle le Christ lui-même est
présent sous les espèces du pain et du vin ».
« Ayez une grande confiance dans la grâce et sachez transmettre
cette confiance à vos collaborateurs, afin que la perle précieuse de
la foi soit toujours resplendissante, qu’elle soit préservée,
défendue et transmise dans toute sa pureté », a conclu le pape avant
d’accorder sa bénédiction apostolique aux évêques présents.
ZF05091901
TOP
Mgr Cordes
: Il ne faut pas abandonner les Etats-Unis face aux conséquences de
l’ouragan
Le président de « Cor Unum » encourage l’engagement de tous dans la
reconstruction
ROME, Lundi 19 septembre 2005 (ZENIT.org)
– Le président du Conseil pontifical Cor Unum, l’archevêque Paul
Josef Cordes, demande de ne pas « abandonner » les Etats-Unis après
l’ouragan « Katrina » qui a dévasté certains Etats du sud du pays
donnant sur le Golfe du Mexique.
Mgr Cordes s’est rendu sur les lieux de la catastrophe, envoyé par
le pape Benoît XVI pour transmettre la solidarité du pape et
apporter l’aide concrète de l’Eglise aux victimes de l’ouragan.
Le président de « Cor Unum » a parcouru les régions dévastées,
pendant quatre jours, rencontrant les communautés catholiques
locales et les personnes déplacées, dans les quartiers où elles ont
été relogées.
« La présence personnelle d’un envoyé du pape a entraîné à plusieurs
reprises des paroles de reconnaissance en milieu ecclésial mais
aussi civil », a affirmé Mgr Cordes au micro de « Radio Vatican ».
« Il semble par ailleurs que le Vatican soit le seul Etat au monde à
avoir chargé un représentant de son gouvernement de visiter les
zones dévastées », a-t-il ajouté.
Au cours de son voyage aux Etats-Unis, Mgr Cordes a rencontré
plusieurs responsables politiques ainsi que des évêques du lieu.
« L’archevêque de Washington, le cardinal McCarrick, m’a accompagné
tout le temps, a précisé Mgr Cordes. J’étais également en contact
avec les responsables du réseau caritatif catholique local. Dès les
premiers jours de la catastrophe, La Caritas américaine, la «
Catholic Charities », a mis à disposition six millions de dollars,
fruit également d’une collecte de différentes Caritas nationales ».
« La région touchée est très vaste et des volontaires de tout le
territoire américain se rendent dans les zones sinistrées, a
constaté Mgr Cordes. La reconstruction demandera certainement des
mois et des années ».
Même s’il est vrai qu’après un ouragan il n’est pas rare de se
trouver devant des « scènes terribles », l’archevêque allemand a
déclaré avoir assisté également à « des gestes d’une très grande
humanité ».
L’envoyé du pape a émis une « crainte personnelle » : que les
Etats-Unis « puisse s’isoler et rester seuls pour affronter le
désastre ».
« Dans cette situation dramatique, les Etats-Unis ne doivent pas
être abandonnés et ceci nous engage, a-t-il déclaré. Il n’y a pas
seulement notre ‘communio’ avec les membres de notre Eglise et notre
solidarité humaine. Il y a davantage ».
« Un haut représentant a dit que la faiblesse vécue aux Etats-Unis
face à cette catastrophe donne une sensibilité capable de détruire
toutes nos convictions d’autosuffisance. Ainsi, pour moi, dans le
mal de cet événement il y a aussi l’espérance, pour de nombreux
citoyens, de voir que le monde est plus grand que les Etats-Unis »,
a-t-il poursuivi.
Mgr Cordes a ensuite rappelé les paroles qu’il a prononcées au cours
de son homélie, le 11 septembre, dans la cathédrale de Baton Rouge,
quatre ans après l’attentat terroriste des Tours jumelles, invitant
les catholiques « à réfléchir à la dimension religieuse des
événements, y compris des événements les plus mortels et les plus
catastrophiques ».
« J’ai tenté d’expliquer aux nombreux fidèles rassemblés – certains
venus de la Nouvelle Orléans –, que la sécularisation nous trompe,
en séparant la foi, la profondeur de notre foi, de la vie
quotidienne. Mais la foi veut éclairer chacun des moments que nous
vivons. Dieu en effet nous accompagne toujours, y compris dans les
moments les plus sombres, même si nous ne comprenons pas ».
« Le croyant ne doit jamais douter du fait que Dieu nous aime,
a-t-il conclu, et il trouve le réconfort dans cette conviction ».
ZF05091902
TOP
Entretien
La
psychologie redécouvre le pouvoir du pardon (II)
Entretien avec le Dr. Robert Enright
ROME, Lundi 19 septembre 2005 (ZENIT.org)
– Le pardon est un message clé de l’Evangile. Convaincu de la force
du pardon, le Dr. Robert Enright, psychologue, a fondé en 1994, un
Institut international du pardon, pour mettre en oeuvre des années
de recherches sur la pratique du pardon.
Dans cet entretien accordé à Zenit, dont nous publions ici la
deuxième partie, il explique ses recherches et partage son
expérience sur l’efficacité du pardon pour la guérison personnelle
et la paix dans le monde (pour la première partie cf.
Zenit, 18 septembre).
Zenit : Qu’avez-vous appris sur les enfants
et le pardon ?
Dr. Enright : Les enfants semblent avoir un cœur ouvert et
enthousiaste vis-à-vis du pardon. L’éducation au pardon est donc une
réelle opportunité pour eux.
Je crois en même temps que les enfants peuvent être découragés s’ils
sont entourés de personnes qui ridiculisent l’acte de pardonner ou
qui sont indifférents. L’éducation au pardon est donc vitale.
J’ai travaillé avec deux collègues, Jeanette Knutson et Anthony
Holter, dans des écoles catholiques et des écoles publiques de
Belfast, en Irlande du nord, ces trois dernières années. Nous
proposons une formation au pardon du CP au CM1. Nous formons les
enseignants qui forment ensuite les enfants.
J’ai récemment publié un livre d’images pour enfants sur le pardon :
« Rising above the Storm Clouds » (S’élever au-dessus des nuages
orageux) pour des enfants de 4 à 10 ans, que nous utilisons pour la
formation des CM1. Cette année nous entamons le CM2 et l’année
prochaine, nous entrons dans l’école secondaire.
Nous avons constaté que des enfants, dès l’âge de 6 ans, peuvent
apprendre ce qu’est le pardon et réduire ainsi une colère excessive.
Nous sommes présents à Belfast pour offrir le don du pardon à cette
ville déchirée par la guerre. Nous espérons qu’au fil des années,
les enfants deviendront des « spécialistes » du pardon sur les plans
théologique, philosophique et psychologique.
Nous espérons que, forts de cette profonde compréhension du pardon,
il forgeront une paix plus satisfaisante que leurs parents, dans
leur communauté.
Aussi bien le pape Jean-Paul II le Grand que Benoît XVI nous ont
enseigné que le pardon est le principal chemin vers la paix en ce
monde. Notre travail à Belfast est tout simplement une action
découlant de cette sagesse.
Zenit : Comment peut-on mettre en pratique
le pardon dans la vie de tous les jours ?
Dr. Enright : Rappelons tout d’abord que le pardon vient de
Dieu et que nous ne pouvons pas par conséquent voir dans le pardon
une technique psychologique supplémentaire. Pardonner signifie
entrer dans le mystère de la croix du Christ. Il s’agit certes d’un
enseignement difficile mais qui vaut la peine d’être compris. Même
si les gens pardonnent sans l’intention consciente ou délibérée
d’obéir à Dieu, il se peut qu’ils s’ouvrent malgré tout à lui.
Deuxièmement, les personnes qui pardonnent doivent savoir ce qu’est
le pardon et ce qu’il n’est pas. Pardonner, c’est offrir un amour
inconditionnel à la personne qui a offensé. Ce n’est pas un acte de
faiblesse. Lorsqu’une personne pardonne, elle peut et doit
rechercher la justice. Si on abîme votre voiture, vous pouvez
pardonner en présentant la facture du garagiste au responsable.
Troisièmement, le pardon est intimement lié à la grâce de Dieu.
Prier, recevoir les sacrements et attendre l’action de Dieu dans le
cœur humain font donc partie du pardon.
A ceux qui se placent en dehors de ces voies de la grâce, je dis
généralement qu’il nous est impossible de comprendre totalement
comment Dieu agit. Tout cela est encore très surprenant pour moi,
même après avoir étudié le pardon pendant 20 ans. J’ai vu des athées
déclarés et des chrétiens fervents pardonner avec de bons résultats.
L’essentiel est donc d’être ouvert au mystère du pardon
indépendamment de ses origines.
Zenit : Quels conseils donneriez-vous à des
personnes ayant des difficultés à pardonner ?
Dr. Enright : On ne pardonne pas d’un coup, comme on appuie
sur un interrupteur pour balayer les ténèbres. Pour la plupart
d’entre nous, pardonner c’est porter notre croix pour celui qui nous
a blessés.
Cela demande de la douceur et de la patience avec soi-même, peu
importe le temps que cela prend. Nous apprenons beaucoup en
acceptant le poids et la souffrance de la croix.
A ceux qui n’arrivent pas à pardonner je demande : « Etes-vous prêts
à découvrir ce qu’est le pardon et ce qu’il n’est pas ? » Une telle
question n’oblige pas une personne à pardonner mais l’invite à
examiner ce qu’est le pardon.
Si la personne a examiné les dimensions du pardon, je demande : «
Etes-vous prêt à examiner le pardon dans sa forme la plus
essentielle, envers celui qui vous a blessé ? Etes-vous disposé à
essayer de ne pas faire de mal à cette personne ? » Remarquez que
cette question ne demande pas à la personne d’aimer celui qui l’a
offensée, mais de s’abstenir de répondre par la négative, de
s’abstenir de faire le mal même de manière subtile.
Puis vient la question « Voulez-vous le bien de cette personne ? ».
Remarquez que cette question déplace l’accent vers une dimension
positive, vers au moins un souhait, même s’il ne peut y avoir
d’action délibérée vers le bien de l’autre.
Toutes ces questions visent à rapprocher un peu plus la personne
offensée de l’amour. Si une personne refuse de pardonner, il faut
comprendre que ce « non » catégorique n’est pas forcément son
dernier mot. Elle peut changer.
Zenit : Comment l’aspect de la foi, de
l’imitation du Christ peut-il aider à comprendre le pardon ?
Dr. Enright : Jésus Christ est amour. Le pardon que nous
donnons est un acte d’amour. Chaque fois qu’une personne pardonne,
qu’elle en soit consciente ou non, elle entre dans l’amour du Christ
exprimé par sa croix.
Ma collègue Jeanette Knutson a fini par réussir à me faire
comprendre cela. Au fil des années j’ai compris un grand mystère,
comme l’explique le pape Jean-Paul le Grand dans « Salvifici Doloris
», à savoir que pardonner c’est entrer dans une souffrance
rédemptrice pour l’autre.
Nous nous unissons au Christ sur sa croix pour le salut de celui qui
nous a offensés. Dire délibérément « oui » à cela est une grande
joie en dépit de la souffrance. Pardonner, c’est donner un sens
profond à la souffrance que l’on a dû endurer à cause du péché de
quelqu’un d’autre.
En réalité, en suivant l’enseignement du cardinal Kasper dans son
livre « Sacrament of Unity » (Sacrement de l’unité), non seulement
nous imitons le Christ lorsque nous pardonnons, mais nous entrons
aussi en union avec lui. Encore une fois, ceci est un grand mystère,
analogue à l’union du Christ et de son Eglise. Quand nous pardonnons
nous faisons l’expérience de cette union avec lui pour le bien de
l’autre personne.
Dieu, dans sa sagesse, a envisagé de nombreuses façons de nous unir
à son Fils : en devenant membre de son corps l’Eglise, à travers
l’Eucharistie, et à travers le pardon inconditionnel et rempli
d’amour envers les autres.
Il faut dire cela plus souvent et de manière plus claire à ceux qui
veulent découvrir davantage le pardon.
Zenit : Quels projets avez-vous à travers
l’Institut du pardon?
Dr. Enright : Au cours des dix ou vingt prochaines années,
nous travaillerons en faveur des enfants victimes des guerres ou
vivant dans des milieux ou règne la violence, à travers des
programmes d’éducation au pardon au sein des écoles, des foyers
privés et des maisons de culte.
Le pardon a été ignoré dans l’ensemble par le mouvement pour la
paix, mais sans le pardon il ne peut y avoir aucune paix durable.
Parce que découvrir et apprécier le pardon prend du temps, nous
commençons avec les enfants pour augmenter la probabilité que ces
derniers retiennent bien la leçon.
Pour cette raison, nous tentons de convaincre les philanthropes que
le pardon, spécialement le pardon centré sur les enfants, doit faire
partie de tout effort pour la paix. C’est une forme de vente forcée.
Comme projet lié à celui de l’aide aux enfants, il faut également
fournir de l’aide aux parents.
Très souvent dans les zones touchées par la guerre, les personnes se
marient avec de profondes blessures et colères qui remontent à des
générations. Notre intention est donc de fournir des programmes de
pardon pour les parents de manière à ce qu’ils puissent apaiser leur
propre colère et qu’ils ne la transmettent pas à leurs enfants.
Au fond, ce que nous voulons, c’est introduire la notion d’école, de
foyers et de maisons de culte comme « communautés de pardon », où
les personnes s’encourageront mutuellement dans le mystère du
pardon. Pouvons-nous nous permettre de continuer d’attendre avant de
créer des communautés de pardon de ce type ?
ZF05091904
TOP
International
La Caritas
a recueilli 368 millions d’euros en faveur des victimes du tsunami
Elle analyse les plans de reconstruction du sud-est asiatique
ROME, Lundi 19 septembre 2005 (ZENIT.org)
– Des responsables des Caritas locales des pays du sud-est asiatique
dévastés par le raz-de-marée en décembre dernier, organisent une
rencontre de deux jours, à partir du 20 septembre, pour analyser les
plans de reconstruction, en compagnie de représentants des Caritas
du monde entier, qui ont apporté leur propre soutien dans la région.
Les soixante participants à la réunion analyseront le rythme
d’exécution des plans de reconstruction sur trois et cinq ans
établis par les Caritas locales pour mettre en place des
infrastructures de base dans les régions dévastées par le tsunami.
Parmi les priorités : la construction de logements et de centres
communautaires antisismiques, la reprise du travail de ceux qui ont
perdu leur moyen de subsistance et le maintien des programmes
d’assistance minimum aux personnes sinistrées.
Le réseau international de la Caritas a recueilli 368 millions
d’euros à travers le monde en faveur des victimes du raz-de-marée.
ZF05091903
TOP
|
|
|
 |
|
|
|
- Documents -
Document préparé par la curie générale des missionnaires
d’Afrique concernant le p. Guy Theunis
Arrêté au Rwanda le 6 septembre dernier
ROME, Lundi 19 septembre 2005 (ZENIT.org)
– Nous reprenons ci-dessous un document de la curie générale des
missionnaires d’Afrique concernant le père Guy Theunis arrêté le
6 septembre au Rwanda, accusé d’avoir participé à la
planification du génocide de 1994 (Cf.
http://www.africamission-mafr.org/guytheunis.htm).
* * *
Beaucoup de personnes nous ont contactés en vue d’obtenir
quelques renseignements sur les évènements entourant
l’arrestation de notre confrère Guy Theunis.
Le but de ce document est de répondre à ces demandes en
apportant quelques lumières sur la personne et les activités de
notre confrère.
Guy Theunis a été arrêté le 6 septembre 2005 dans le hall de
départ de l’aéroport de Kigali (Rwanda) alors qu’il se préparait
à quitter le Rwanda pour la Belgique.
1. L’apostolat du Père Guy Theunis au
Rwanda :
Guy Theunis, citoyen belge, est né à Schaerbeek (Bruxelles) le
1er juillet 1945. Il a été ordonné prêtre le 21 juin 1969 dans
la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs).
Il est arrivé pour la première fois au Rwanda le 15 septembre
1970. Après avoir appris le Kinyarwanda, et après plusieurs
années de pastorale et d’enseignement, il est nommé responsable
des moyens de communication sociale à Kigali, responsabilité
qu’il assume de 1989 à 1994.
Durant cette période il participe à la fondation et à
l’animation de plusieurs organes de presse et d’association pour
les Droits de l’Homme.
Secrétaire de rédaction à la revue Dialogue de 1989 à 1992
Secrétaire exécutif de Reba Videwo de 1989 à 1994
Co-fondateur et collaborateur de la Revue de Presse Rwandaise
Dialogue depuis 1992
Trésorier de l’Association des Journalistes du Rwanda de 1991 à
1993
Fondateur et Responsable des publications de l’Association
Rwandaise pour la Défense des Droits de la Personne et des
Libertés Publiques (ADL) de 1991 à 1994
Membre fondateur et collaborateur de Pax Christi Rwanda et de
Duharanire Amahoro (organisme œcuménique pour la Paix)
Correspondant pour le Rwanda de Reporters Sans Frontières
(Paris)
Correspondant pour le Rwanda de l’Actualité Religieuse dans le
Monde (Paris)
Il quitte le Rwanda dans le dernier avion évacuant les
ressortissants belges le 15 avril 1994.
De Belgique, il continue à participer à la revue Dialogue et est
administrateur-délégué de Radio Amahoro (radio pour la Paix) qui
a émis de juillet 1994 à juin 1996. Comme témoin il est entendu
par le Sénat Belge et par l’Assemblée Nationale Française.
Après un temps de recyclage, il est nommé en Afrique du Sud. Il
y travaillera au centre Lumko (Centre de formation pour les
agents pastoraux) de septembre 1998 à mai 2003. En tant que
membre de l'équipe de Lumko, il a voyagé dans plusieurs pays
africains pour des sessions de formation. Il est aussi le
co-auteur d'un livre, Acting against Poverty, un manuel à
l'intention de groupes paroissiaux sur le VIH/Sida, la
démocratie et la paix. Il a aussi contribué à diverses
publications.
Depuis septembre 2003 il est basé à Rome où il sert comme
responsable de la formation permanente des confrères de la
Société. Il visite régulièrement les pays africains où il donne
des cours de formation permanente et anime des sessions sur la
non-violence.
2. Les faits de son arrestation :
Guy Theunis, responsable de la formation permanente, venait
d’animer une de ces sessions pour nos confrères travaillant en
République Démocratique du Congo. Il devait regagner Bruxelles
en passant par Kinshasa. Vu la suppression, pour raisons
techniques, des vols Kalemie-Lubumbashi-Kinshasa, il a décidé de
voyager par Kigali. A la frontière il a sans difficultés obtenu
un visa. Mais 24 heures plus tard, le 6 septembre 2005, alors
qu’il était déjà dans le hall de départ de l’Aéroport
International de Kanombe (Kigali), il a été arrêté par la Sûreté
de l’Etat rwandaise et détenu à la Brigade Policière de Remera.
Il y est resté deux nuits avant d’être transféré à la Prison
Centrale de Kigali.
Le dimanche 11 septembre, il a été présenté à la gacaca
(tribunal populaire) de la Cellule Ubumwe, Secteur Rugenge,
district de Nyarugenge (Kigali). Vu l’importance des charges
portées contre Guy Theunis, le mettant dans la première
catégorie des génocidaires planificateurs, le juge de la gacaca
a demandé le transfert de son jugement au Parquet de Kigali.
3. Les charges dont est accusé le P.
Guy Theunis :
Selon Maître Emmanuel Rukangira, Procureur rwandais compétent au
niveau national, dans une interview donné à MISNA le 14
septembre 2005, Guy Theunis est accusé « d’incitation à
commettre le crime de génocide. L’autre accusation –
révisionnisme et négationnisme successifs – formulée vient
renforcer le caractère intentionnel de la première accusation.
La première accusation fait référence à la période 1990-1994
tandis que la seconde à la période successive du génocide. Le
révisionnisme est une infraction à part. »
L’accusation semble se baser sur :
- la participation de Guy Theunis à la revue Dialogue ; on
l’accuse d’y avoir reproduit des articles de la revue extrémiste
Kangura
- des faxes envoyés en avril 1994, dont il a été le cosignataire
; on l’accuse d’avoir ainsi propagé une fausse information sur
ce qui se passait alors au Rwanda.
4. La position des Missionnaires
d’Afrique :
Le Père Gérard Chabanon, Supérieur Général des Missionnaires
d’Afrique, a émis, le 8 septembre 2005, un communiqué exprimant
son incompréhension face à l’arrestation de notre confrère.
4.1. Comme le
signale le Ministère des Affaires Etrangères belge, il n’y a
jamais eu, à la connaissance des autorités, de dossier
d’accusation sur Guy Theunis. N’étant accusé d’aucun méfait, Guy
a pu précédemment circuler librement au Rwanda. Ainsi du 5 au 26
septembre 2004, il anime une session à Kigufi. Il était entré au
Rwanda, ayant obtenu un visa d’entrée et en est sorti sans être
inquiété. Cette fois encore il avait obtenu un visa d’entrée à
la frontière.
4.2. La Revue
Dialogue à laquelle il a participé de nombreuses années
était une revue d’information et de réflexion abordant tous les
problèmes économiques, sociaux, culturels, politiques, religieux
et autres, intéressant le Rwanda. La revue livrait des données
brutes et des données de sens, aidant ses lecteurs à comprendre
et à analyser les faits. La revue ne défendait aucune idéologie.
Elle cherchait à promouvoir une politique de l’espérance,
croyant à un avenir meilleur dans une perspective chrétienne. (Cfr.
N° 121 de mars 1987, pages 21-30 : « Une philosophie pour
Dialogue ») « Le but de la revue est de promouvoir un véritable
débat sur les problèmes du pays, avec un maximum d’objectivité
et d’indépendance. » (N°154 de mai 1992, page 1)
La revue Dialogue n’était pas l’affaire d’une personne. Tout
article passait par le comité exécutif de l’Association éditrice
qui décidait s’il était publiable.
Durant ses 19 années de participation à la revue Dialogue, Guy
Theunis, convaincu de la liberté de presse, a surtout écrit des
recensions de livres ou articles. Il a écrit quelques articles
et éditoriaux, mais sans jamais inciter à la violence ou à la
haine. Seules des citations d’articles extrémistes ont pu être
publiées pour en faire la critique à destination de la presse
étrangère. Celle-ci pouvait ainsi suivre, grâce à ces textes
traduits du kinyarwanda, l’évolution de la situation politique
du pays. Dans un numéro spécial, publié en 1991, consacré à la
nouvelle presse rwandaise, la rédaction de Dialogue, regrettait
les « articles de tendance nettement raciste ou régionaliste,
souvent insidieux » de Kangura. « Ils risquent de rendre
l’atmosphère du pays irrespirable. » (n°147 de juillet-août
1991, page 79). La revue rejette aussi catégoriquement les
fameux « dix commandements des Bahutu » (n° 170, de
septembre-octobre 1993, page 120).
Notons aussi qu’en mars 1994, il est modérateur du
séminaire-débat organisé à Kigali par l’Ambassade de Belgique
sur le thème « Objectivité et honnêteté dans l’information
politique »
Robert Ménard, Secrétaire Général de Reporters sans Frontières,
dit de Guy : « Nous le connaissons depuis des années. C’est le
contraire de quelqu’un qui incite à la haine. C’est quelqu’un
qui a toujours défendu les idées de tolérance, de respect des
autres. Il a passé sa vie justement à combattre la haine
ethnique et toutes ces accusations n’ont rien à voir avec lui. »
(Témoignage donné sur RFI le 12 septembre 2005).
4.3. Les Droits de l’Homme :
Les Droits de l’Homme et la communication non-violente sont
devenus au fil des années les grandes orientations missionnaires
de Guy Theunis. Loin de s’être tu avant le génocide, Guy Theunis,
co-fondateur de l’Association Rwandaise pour la Défense des
Droits de la Personne et des Libertés Publiques (ADL), a été
l’éditeur responsable de deux rapports sur les droits de l’homme
au Rwanda. Ces deux rapports de 358 pages ont été d'une très
grande importance pour alerter l'opinion internationale sur
toutes les exactions commises au Rwanda entre septembre 1991 et
octobre 1993, aussi bien par les responsables gouvernementaux
que par le front Patriotique Rwandais. Sa très large diffusion a
permis l’enquête internationale qui a révélé au monde ce qui se
passait au Rwanda avant 1994.
Durant l’audition de la gacaca, Alison Des Forges a témoigné que
Guy Theunis avait travaillé avec elle pour révéler au grand jour
les abus contre les droits humains au Rwanda avant le génocide.
Dans la revue Dialogue, Guy Theunis signe quelques articles qui
soulignent son souci de la démocratie. Ainsi les éditoriaux des
n°147 (juillet-août 1991) et 148 (septembre-octobre 1991)
portent respectivement sur « L’eau de la démocratie » et «
Multipartisme et Dialogue ».
Il a également participé à de nombreuses activités en faveur de
la paix et du respect des droits de l’homme initiées par OXFAM.
Après son retour en Belgique, il a activement aidé à la mise sur
pieds et à l’animation de la Radio Amahoro. Les émissions
diffusées sur Africa n° 1 et Voice of Peace, appelaient à la
Paix et à la réconciliation après le génocide. Devant le Sénat
belge et l’Assemblée Nationale Française, il n’a pas hésité à
témoigner et à parler du génocide.
Monsieur Eric Watteau, membre de Pax Christi Wallonie-Bruxelles,
dans une lettre ouverte envoyée aux personnalités politiques
belges, donne ce témoignage : « à l’occasion d’un groupe de
réflexion sur la non-violence active, j’ai noté des pensées
dites par Guy Theunis comme l’importance du lobbying pour
pousser au dialogue ou plus loin, qu’il fallait la suppression
des journaux de la haine. »
4.4. Les 8 fax envoyés en avril 2005
ont tout d’abord été écrits pour
apaiser les familles des confrères qui s’inquiétaient, ne
sachant pas très bien ce qui se passait alors au Rwanda. Ils ont
ensuite été envoyés à plusieurs autres personnes ou organismes
intéressés. Ils relataient des massacres, des pillages et
parlaient même de « bain de sang ». Ils parlaient des réfugiés,
des blessés et des tués, notamment de Tutsis.
Voici quelques extraits de ces fax qui montrent clairement que
les Pères Vleugels, Supérieur Provincial au Rwanda à l’époque,
et Guy Theunis ont fait tout ce qu’ils pouvaient, dans une
situation chaotique et dangereuse, pour faire connaître au monde
les horribles massacres qui se déroulaient au Rwanda. "A Kigali,
même, au Centre de Remera Christus, beaucoup de personnes ont
été tuées (suivent les noms des personnes)" ; "Nous déplorons
aussi d'autres actes barbares; ainsi des militaires sont entrés
dans l'église St Charles Lwanga de Nyamirambo, ont forcé les
gens à sortir, puis ont tiré, tuant des gens aussi bien à
l'intérieur de l'église qu'à l'extérieur. Au Centre de santé de
Masaka (Archidiocèse de Kigali), d'autres militaires sont entrés
et ont abattu les blessés Tutsi sur leur lit"
Conclusion :
Connaissant Guy personnellement et son engagement de toute une
vie pour la liberté de la presse et pour la justice dans
l'esprit de l'Evangile, nous considérons les accusations portées
contre lui comme absolument incompréhensibles. Nous sommes
profondément attristés par la gravité des accusations portées
contre lui car tout ce que nous savons de lui montre un
engagement sans faille pour dénoncer les exactions contre les
droits humains qui ont conduit au génocide. Celles et ceux qui
ont travaillé avec lui, pendant ces années tragiques, sont de la
même opinion.
Tout en faisant confiance aux autorités civiles et religieuses
compétentes, les Missionnaires d’Afrique demandent le support et
l’engagement en faveur de la libération immédiate et
inconditionnelle de Guy Theunis de tous ceux qui l’ont connu et
apprécié, de tous ceux qui croient à la justice. Nous sommes
aussi inquiets pour sa santé.
Nous remercions tous ceux qui lui ont ou nous ont manifesté leur
soutien.
Rome, le 15 septembre 2005
Père Gérard Chabanon
Supérieur Général
Missionnaires d’Afrique
C.P. 9078 00100 ROMA
ITALIA Tél. 00.39.06.39.36.34.1
Fax. 00.39.06.39.36.34.79
Email: sup.gen@mafroma.org
|
|
|
|
 |
|
|
|
Communiqué des Missionnaires
d’Afrique au sujet du Père
Guy Theunis :
« C'est avec beaucoup
d'étonnement,
d'incompréhension et de
tristesse que nous avons
appris l'arrestation de
notre confrère, le P. Guy
Theunis, mardi soir à
l'aéroport de Kigali.
L'accusation du procureur
Rwandais, Emmanuel Rukangira,
cité par la Bbc et associant
le P. Theunis par le biais
de son activité à la revue
Dialogue, au terrible
génocide de 1994, nous
paraît totalement infondée.
Le P. Theunis a été
Directeur de cette revue au
Rwanda de 1989 à 1992, puis
en Belgique de 1994 à 1995.
Cette revue, écrite en
français, se définit
elle-même comme " une revue
d'information et de
réflexion en abordant tous
les problèmes économiques,
sociaux, culturels,
politiques, religieux et
autres, qui intéressent le
Rwanda. Sans ê tre l'organe
officiel d'une Eglise,
Dialogue envisage les
problèmes traités dans une
perspective chrétienne."
Quand le P. Theunis était
responsable, cette revue
était produite par un comité
de rédaction d'une bonne
douzaine de personnes qui se
réunissait chaque mois pour
discuter les articles
présentés. Jamais le
directeur ne décidait, seul,
de publier tel ou tel
article – même l'éditorial -
sans l'accord de son comité
de rédaction. Il est donc
impensable que "des articles
de publication extrémiste"
aient pu être publiés;
peut-être des citations pour
montrer le danger de telles
opinions ou du moins suivies
d'une critique sans
équivoque.
Les Droits de l'Homme et la
communication non-violente
sont devenus au fil des
années, les grandes
orientations missionnaires
du P. Guy Theunis. Ces
engagements sont aussi ceux
de notre Société
Missionnaire. Devant
l'incompréhension de ces
accusations dont la presse
s'est faite l'écho –Bbc, Cnn,
Afp – nous espérons une
rapide libération de notre
confrère. Nous voulons lui
exprimer notre solidarité
profonde, notre communion et
le soutien de notre prière
dans ces moments difficiles
pour lui. Nous remercions le
Gouvernement Belge, les
Agences de Presse, Radio
Vatican et tous ses nombreux
amis qui ont manifesté leur
soutien.
P. Gérard Chabanon,
Supérieur Général. M.Afr.»
Alison Des Forges est la
Première Conseillère de la
Section Africaine de Human
Rights Watch. Elle a une
expérience de 40 ans dans la
région des Grands Lacs. Elle
a été entendue en tant que
témoin-expert dans les
procès qui ont eu lieu au
Tribunal Criminel
International pour le Rwanda
ainsi qu’à la Cour fédérale
des Etats-Unis, de Belgique
et de Suisse.
ZF05091905
TOP
----------------------------------------
Pour offrir un abonnement à
Zenit, en cadeau, cliquez
sur :
http://www.zenit.org/french/cadeau.html
----------------------------------------
|
|
|
|