
Joseph Ratzinger en 2003
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Jeunesse
Né le
16
avril
1927 au numéro 11 de la Schulstraße à
Marktl am Inn — village de
Haute-Bavière, non loin de la frontière
autrichienne —, Joseph Ratzinger, fils de Maria et Joseph
Ratzinger, a eu une enfance marquée par les fréquentes interventions
de son père policier. Il a une sœur, également prénommée Maria, qui
s'est occupée de son ménage jusqu'à sa mort en
1991,
et un frère aîné, Georg, prêtre lui aussi. Il entre au séminaire de
Traunstein en
1939.
Pendant la
Seconde Guerre mondiale, il est enrôlé dans les
Jeunesses hitlériennes ce qui est obligatoire depuis
1938. À
l'âge de 16 ans, il est versé, avec toute sa classe de séminaristes
dans la DCA
allemande puis, en 1944, à 17 ans, il est enrôlé dans l'armée
allemande, qui manque d'hommes. L'ensemble de sa classe est affecté
à la défense d'une usine
BMW dans les environs de
Munich,
jusqu'en septembre
1944.
Dans ses mémoires, le futur pape déclarera n'avoir jamais tiré un
seul coup de feu. Il déserte quelques jours avant la reddition
allemande. Il est ensuite interné dans un camp de prisonniers de
guerre jusqu'en juin
1945.
Le
19
juin
1945, il est libéré et retourne au séminaire. Il poursuit des
études de
philosophie et
théologie à l'Université
de Munich et l'École
supérieure de Freising. Il est ordonné prêtre le
29
juin
1951, avec son frère. Sa première thèse de doctorat porte sur
« Le peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de
saint Augustin » qui fut complété en 1957 par la soutenance de
la thèse intitulée : « La théologie de l'histoire chez
saint Bonaventure ».
Le théologien
En
1959,
après une année de travail paroissial, durant laquelle il sillonne
Munich
à bicyclette, il est nommé professeur en dogmatique et théologie
fondamentale près l'École
supérieure de Freising, puis professeur de théologie à l'Université
de Bonn de
1963 à
1966,
devenant un des plus jeunes et des plus populaires théologiens
d'Allemagne.
Il participe au concile
Vatican II (quatre sessions de
1962 à
1965)
en tant que consulteur théologique auprès du cardinal-archevêque de
Cologne
Joseph Frings, qu'il aide à préparer ses interventions. Lors de
ce concile, Ratzinger passe pour quelqu'un de novateur et de précis,
ce qui l'amène à être remarqué par le pape
Paul
VI. L'un de ses travaux concerne la nécessité d'entreprendre une
réforme du
Saint-Office qui deviendra la
Congrégation pour la doctrine de la foi.
De
1966 à
1969,
il enseigne la théologie à la faculté de théologie de l'Université
de Tübingen, alors dirigée par
Hans Küng.
En
1968,
il a fait partie des mille trois cent soixante théologiens
signataires d'une pétition demandant une réforme du
Saint Office de façon à donner plus de droits aux théologiens
suspectés d'erreur doctrinale (sources :
1
2).
Fervent défenseur des réformes, il est cependant
inquiet de l'esprit de contestation qui gagne aussi les facultés de
théologie, et en particulier, de l'intérêt que plusieurs théologiens
allemands portent au
marxisme, et se déclare partisan d'une interprétation plus
authentique de
Vatican II.
En
1969,
il devint titulaire de la chaire de dogmatique et d'histoire des
dogmes près l'Université
de Ratisbonne et vice-président de celle-ci.
Archevêque et
cardinal
C'est par un courrier donné en main propre par le
nonce apostolique, alors qu'il se trouve à
Ratisbonne, qu'il apprend, le 24 mars 1977 que le pape
Paul
VI le nomme
archevêque de Munich et Freising. C'est le premier prêtre
diocésain à occuper ce siège majeur depuis 80 ans. Le
28 mai
1977,
il est consacré
archevêque de
Munich
et
Freising, et le
27
juin de la même année, il est promu à la pourpre
cardinalice.
Lors de l'assemblée synodale sur la catéchèse de
1977,
il fait enfin la connaissance de
Karol Wojtyła avec lequel il échangeait depuis plusieurs années
une correspondance, des idées et des livres. Il s'entend bien avec
lui, et apprécie chez lui, sa franchise, sa simplicité, sa
cordialité, son ouverture d'esprit, sa culture philosophique et
théologique.
En
1980,
il fut Rapporteur du Ve Synode des Evêques, sur le thème : « Les
missions de la famille chrétienne dans le monde d'aujourd'hui ».
Préfet de la congrégation pour la doctrine de la
foi.

Benoît XVI lors de la
messe
inaugurale de son pontificat le 24 avril 2005
Le
25 novembre,
1981,
quatre ans et demi après leur première rencontre,
Jean-Paul II nomme le cardinal Ratzinger Préfet de la
Congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des
dicastères de la
Curie romaine, anciennement nommé le
Saint-Office — l'ancienne
inquisition —, ce qui l'amène, le
15 février
1982, à
renoncer à la charge pastorale de l'archidiocèse de
Munich
et de
Freising. La mission confiée à ce théologien sûr et cultivé est
de préserver l'orthodoxie de la doctrine catholique, de la préciser
au milieu des développements divers du monde moderne, y compris la
philosophie, les sciences humaines, la biologie et la politique, et
surtout de tenter de discerner la vérité parmi toutes les idées « à
la mode » qui se succèdent.
Le poste dont il a eu la charge, est un des postes
capitaux de la curie, mais est aussi par définition, un des plus
impopulaires, car son titulaire passe pour un défenseur des
conservateurs, un chien de garde, un héritier de la
Sainte Inquisition, un ennemi de la créativité et de
l'ouverture, alors qu'il était, jusqu'à cette nomination, considéré
comme un théologien aux idées novatrices.
Durant 23 ans, avec le pape, ils vont se voir au
moins deux fois par semaine, au déjeuner du mardi, entourés d'autres
théologiens, pour des discussions sur des questions générales :
bioéthique,
œcuménisme,
théologie de la libération, etc. et tous les vendredis soirs,
ils travaillaient ensemble, en tête à tête.
En janvier
1983,
lors d'un voyage à
Lyon et
à Paris,
il déclare que « ce fut une première et grave faute de supprimer le
catéchisme », dénonce « la grande misère de la catéchèse
nouvelle », qui oublie « de distinguer le texte de son commentaire »
et ajoute qu'« il faut oser présenter le
catéchisme comme un catéchisme » — phrase qui semble alors
s'appliquer directement au catéchisme français Pierres vivantes.
Les évêques expliquent que le cardinal n'entend nullement
« s'ingérer dans les affaires françaises mais traiter globalement de
la situation de la catéchèse ».
En
1983,
il fut le Président du VIe Synode sur le thème : « Réconciliation et
pénitence dans la mission de l'Eglise ».
Son ouvrage, Entretien sur la foi (1985)
expose sa vision ferme et lucide du catholicisme après
Vatican II et notamment de ce qu'il considère comme les dérives
politiques de certains courants, notamment la
théologie de la libération, qui justifient les mouvements
révolutionnaires par des arguments religieux, ce qu'il réprouve sans
appel. Il défend aussi les positions de l'Église sur la
contraception artificielle, sur le célibat des prêtres et sur le
non-accès des femmes au sacerdoce. Il a aussi développé l'idée
qu'aucun œcuménisme ne saurait se construire sur la base du plus
petit dénominateur commun.
En octobre
1986,
le pape décide de constituer une commission de cardinaux et
d'évêques pour préparer un projet de catéchisme universel romain et
en confie la présidence au cardinal Ratzinger.
Le
13 janvier
1992,
l'Institut
de France, l'élit comme membre associé étranger à l'Académie
des sciences morales et politiques au fauteuil du défunt
Andreï Sakharov. Parmi les autres membres étrangers, se
trouvent, le Tchèque
Václav Havel et le roi d'Espagne
Juan Carlos

Le
cardinal Joseph Ratzinger visitant la
Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre
En
1993,
il est nommé cardinal-évêque, titulaire, le
5
avril, de l'église
suburbicaire de Velletri-Segni, dans la banlieue de
Rome.
En
1998,
il est nommé commandeur de la
Légion d'honneur française et reçoit les insignes de l'Ordre le
11 mai
de la même année à la
villa Bonaparte par
Jean-Louis Lucet, ambassadeur de France près le
Saint-Siège.
Le
10 novembre
1999 il
est fait docteur « honoris causa en Jurisprudence » de la
LUMSA.
Le
27 novembre
1999,
le cardinal Ratzinger participe au colloque
2000 ans après quoi ?1
organisé par la
Sorbonne à l'occasion des festivités du passage au
XXIe siècle.
Les larges extraits de son discours Vérité du Christianisme (texte)
reproduits dans le journal
La
Croix suscitent une vive réaction dans les colonnes du même
journal de la part du cardinal archevêque de
Bordeaux
Pierre Eyt, président de la Commission doctrinale de la
Conférence des évêques de France, qui lui reproche de ne pas
assez tenir compte des problèmes structurels de l'Église.
Le
26
juin
2000, il signe un document donnant l'interprétation officielle
du message de
Fatima
[1].
Le
6 août
2000,
il publie la déclaration Dominus Iesus dans laquelle il
affirme la supériorité du
catholicisme sur le
protestantisme, semblant prendre ainsi le contre-pied des
efforts d'œcuménisme
mis en acte avec la Déclaration conjointe sur la doctrine de la
justification co-signée l'année précédente par le conseil (du
Saint-Siège) pour l'unité des chrétiens et la
Fédération luthérienne mondiale. Cinquante-trois théologiens et
théologiennes catholiques belges protestent contre cette
déclaration.
Le
13 novembre
2000,
il est nommé académicien honoraire de l'Académie
pontificale des Sciences.
Le
24 janvier
2001 la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, décide de rédiger une
notification, qu'il signe, « dans le but de sauvegarder la doctrine
de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations
dangereuses » qu'elle a relevées dans le livre Vers une théologie
chrétienne du pluralisme religieux (Cerf
1997
ISBN 2-204-05759-2)
du
théologien
jésuite belge
Jacques Dupuis
[2].
En
2002, à
l'occasion de son 75e
anniversaire, il propose, suivant la coutume, sa démission au pape,
mais
Jean-Paul II ne désire pas se séparer de ce précieux
collaborateur, et le
6 novembre, il est élu doyen du
Sacré Collège des Cardinaux, élection approuvée par le pape le
30 novembre, et titulaire de l'église d'Ostie,
disposant déjà de celui de Sainte Marie-Consolatrice al Tiburtino.
Lors d'une interview donnée à l'agence Zenit le
3 mai
2003
[3], il réaffirme l'opposition du Vatican à la
guerre d'Irak menée par les
États-Unis, impossible d'après lui à justifier selon la
doctrine de la guerre juste.
En
janvier 2004, à l'occasion d'un débat avec le philosophe
Jürgen Habermas à l'Académie
catholique de Bavière, il reconnaît, à l'heure de la
mondialisation, la « non-universalité de fait des deux grandes
cultures de l'Occident, celle de la foi chrétienne et celle de la
rationalité séculière. »
2
Le
8
avril
2005, étant le doyen du
Collège des cardinaux, il a la responsabilité de diriger
l'office religieux des
funérailles du pape Jean-Paul II.
Après être passé pour un théologien progressiste
durant sa participation au concile, le cardinal Ratzinger est
maintenant réputé pour ses vues conservatrices sur des sujets comme
la régulation des naissances ou l'œcuménisme.
Il est parfois surnommé par ses pairs et les
médias « le Panzerkardinal », allusion à son intransigeance supposée
et à sa nationalité allemande.
Il est connu pour avoir une position conservatrice
vis-à-vis des pratiques homosexuelles et de l'avortement
direct. Il soutient le pape
Jean-Paul II contre l'avis d'une majorité d'évêques allemands,
dans sa décision à la fin des années 90 de faire fermer quelque 260
centres de « conseil pour les grossesses conflictuelles » (de:Schwangerschaftskonfliktberatung)
administrés par l'Église catholique allemande. Ces centres doivent
se réorganiser sous une forme associative non reconnue par
l'Église : voir
de:Donum Vitae.
Il était Membre du Conseil de la II Section de la
Secrétairerie d'Etat; des Congrégations pour le Culte divin et la
Discipline des Sacrements; pour les Evêques; pour l'Evangélisation
des Peuples; pour l'Education catholique; du Conseil pontifical pour
la Promotion de l'Unité des Chrétiens; des Commissions pontificales
pour l'Amérique latine; Ecclesia Dei.
Le Pape Benoît XVI est Bailli Grand Croix de l’Ordre
de Malte. Il est ainsi, après
Jean XXIII, le deuxième Pape membre de l’Ordre.
Pape

Benoît XVI lors de son élection le 19 avril 2005
Après un
conclave d'à peine plus de vingt-quatre heures, le
19
avril
2005, la fumée blanche apparaît sur le toit de la
chapelle Sixtine à 17h56. À 18h35, le
cardinal protodiacre annonce publiquement sur la
place Saint-Pierre l'élection, au 4e
tour de scrutin (avec, dit-on, plus de cent voix sur cent quinze),
du cardinal Ratzinger comme successeur de
Jean-Paul II sur le trône pontifical.
Voir
Réactions après l'annonce de l’élection de Benoît XVI.
Lors de sa première apparition publique, le
nouveau Pape, sous le nom de Benoît XVI, prononce les mots
suivants :
- « Chers frères et chères soeurs, après le
grand Pape
Jean Paul II, Messieurs les Cardinaux m'ont élu moi, un simple
et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Le fait que le
Seigneur sache travailler et agir également avec des instruments
insuffisants me console et surtout, je me remets à vos prières,
dans la joie du Christ ressuscité, confiant en Son aide constante.
Nous allons de l'avant, le Seigneur nous aidera et Marie, Sa Très
Sainte Mère, est de notre côté. Merci. »
Après Albino Luciani (Jean-Paul
Ier)
et Karol Wojtyła (Jean-Paul
II), c'est le troisième cardinal nommé par
Paul
VI à devenir pape. Pourtant, sur les cent quinze cardinaux ayant
pris part au
conclave, seuls deux n'avaient pas été nommés par
Jean-Paul II.
À 78 ans, il est le pape le plus âgé au jour de sa
prise de fonctions depuis
Clément XII en
1730.
Il s'agit du premier pape d'origine
germanique depuis
Victor II (1055-1057),
originaire de la
Souabe,
et
Adrien VI (1522-1523),
flamand originaire d'Utrecht
(Pays-Bas
espagnols), alors relevant du
Saint Empire romain germanique.
Il est particulièrement difficile de prendre la
suite d'un pape de l'envergure de
Jean-Paul II ; ainsi, la nomination du Cardinal Ratzinger,
fidèle parmi les fidèles, a pu être le choix du conclave pour une
période de transition.
La messe d'inauguration du pape Benoît XVI a eu
lieu le
24
avril
2005 en présence de nombreux dignitaires.
Le
13 mai
2005,
il nomme préfet de l'importante
Congrégation pour la doctrine de la foi l'archevêque de
San Francisco,
William Joseph Levada. C'est la première fois qu'un
Américain est nommé à ce poste.
Le même jour, il annonce le début du procès en
béatification de
Jean-Paul II, en exerçant sa prérogative de ne pas tenir compte
du délai de cinq ans après la mort normalement requis par le droit
de l'Église.
Du
16 au 21 août 2005 Benoît XVI a célébré ses premières
Journées mondiales de la jeunesse à
Cologne en
Allemagne, pays de naissance du pape.
Dès son arrivée, le
18
août
2005, il reçoit un accueil enthousiaste malgré les prévisions
des sceptiques qui comparaient son charisme à celui de
Jean Paul II. Il a montré tout au long de ces JMJ qu'il restait
fidèle à la lignée politique de son prédécesseur.
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