Spécial JMJ 2005
Discours
dans la synagogue : Benoît XVI condamne les nouveaux signes
d’antisémitisme
Il présente de nouveaux objectifs pour le dialogue judéo-chrétien
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– A l’occasion de sa visite dans la synagogue de Cologne, Benoît XVI
a manifesté ce vendredi sa préoccupation concernant l’apparition de
nouveaux signes d’antisémitisme et de racisme.
C’était la deuxième fois qu’un pape se rendait dans une synagogue.
Jean-Paul II s’était rendu dans la synagogue de Rome en 1986.
Le lieu de la rencontre était hautement symbolique : la communauté
juive de Cologne est la plus ancienne d’Allemagne. Elle remonte à
l’époque romaine. Elle fut détruite par les nazis en 1938 et
reconstruite en 1959.
« Au XXe siècle, au temps le plus sombre de l’histoire allemande et
européenne, une folle idéologie raciste, de conception néo-païenne,
fut à l’origine de la tentative, projetée et systématiquement mise
en œuvre par le régime, d’exterminer le judaïsme européen: se
déroula alors ce qui est passé à l’histoire sous le nom de Shoah »,
a expliqué Benoît XVI.
« La sainteté de Dieu ne se reconnaissait plus, et pour cela on
foulait aussi aux pieds le caractère sacré de la vie humaine », a
poursuivi le pape.
Quelques minutes auparavant, le rabbin Netanel Teitelbaum avait
récité le « kaddish », la « prière des défunts », devant un mémorial
des victimes juives du nazisme.
Dans son discours, le rabbin Teitelbaum a affirmé que la visite du
pape représentait un pas vers la paix pour tous les peuples du monde
et qu’elle constituait un signe éloquent contre l’antisémitisme.
Le pape a été applaudi à plusieurs reprises par les personnes
présentes dans la synagogue, dont, entre autres, des représentants
de la communauté juive, le ministre allemand de l’intérieur, Otto
Schily, des responsables de partis politiques allemands, le cardinal
Jean-Marie Lustiger, évêque émérite de Paris.
Après avoir rappelé que l’on célébre le 40ème anniversaire de la
déclaration du Concile Vatican II, « Nostra aetate », qui a
constitué un tournant définitif dans la promotion du dialogue
judéo-chrétien, le pape a réaffirmé l’engagement de l’Eglise « en
faveur de la tolérance, du respect, de l’amitié et de la paix entre
tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions ».
Pour parvenir à un « dialogue sincère et confiant entre juifs et
chrétiens » le pape propose de tenter de tenter de « parvenir à une
interprétation commune des questions historiques encore discutées
et, surtout, de faire des pas en avant dans l’évaluation, du point
de vue théologique, du rapport entre judaïsme et christianisme ».
« Ce dialogue, s’il veut être sincère, ne doit pas passer sous
silence les différences existantes ou les minimiser: précisément
dans ce qui nous distingue les uns des autres à cause de notre
intime conviction de foi, et en raison même de cela, nous devons
nous respecter mutuellement », a-t-il déclaré.
Pour terminer, le pape a proposé aux chrétiens et aux juifs de
collaborer « sur le plan pratique pour la défense et la promotion
des droits de l’homme et du caractère sacré de la vie humaine, pour
les valeurs de la famille, pour la justice sociale et pour la paix
dans le monde ».
« Le Décalogue constitue pour nous un patrimoine et un engagement
communs », a rappelé Benoît XVI.
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Visite « historique » du
pape à la synagogue de Cologne
Déclarations du directeur de la salle de presse du Saint-Siège
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– La visite de Benoît XVI à la Synagogue de Cologne constitue un «
événement avec une charge historique extraordinaire », a déclaré le
directeur de la salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquín
Navarro-Valls.
Dans des déclarations aux journalistes, au centre de presse de
Cologne, M. Navarro-Valls a commenté la deuxième visite d’un pape
dans une synagogue (Jean-Paul II se rendit dans la synagogue de Rome
en 1986).
Joaquín Navarro-Valls a précisé que c’est le pape lui-même qui avait
demandé d’intégrer la symbolique visite dans le programme des
Journées mondiales de Cologne.
Le directeur de la salle de presse a évoqué les difficultés
survenues en juillet dernier lorsque des représentants du
gouvernement israélien accusèrent publiquement Jean-Paul II et
Benoît XVI de n’avoir pas condamné les attentats terroristes contre
les juifs.
Le Saint-Siège a réagi avec force en publiant un long communiqué
dans lequel il a rappelait les longues interventions de Jean-Paul II
condamnant les actes terroristes, et la condamnation de Benoît XVI
de tout acte de violence de ce genre.
« L’incident a été tiré au clair, mais il est important de
distinguer quand un incident survient au niveau diplomatique ou dans
les rapports interreligieux », a-t-il déclaré.
« Les images du pape dans la synagogue montrent que le dialogue
n’est pas clos », a poursuivi M. Navarro-Valls.
Pour ce qui concerne les prochains voyages de Benoît XVI à
l’étranger, le directeur de la salle de presse a déclaré : « Pour le
moment il n’y a pas d’autres voyages au programme, même si le pape a
reçu de nombreuses invitations. Ceci n’exclut pas toutefois que dans
quelque temps son agenda puisse se remplir ».
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Benoît XVI espère « de
nouveaux pas concrets de rapprochement » entre les chrétiens
Rencontre avec les représentants de différentes confessions
chrétiennes
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Benoît XVI a affirmé ce vendredi, lors de sa rencontre avec une
trentaine de représentants des différentes confessions chrétiennes
d’Allemagne, qu’il espérait de nouveaux pas de rapprochement entre
les chrétiens.
Le pape a reçu les représentants chrétiens à l’archevêché de
Cologne, où il est logé pendant son séjour à Cologne.
Benoît XVI a expliqué que le rapprochement entre les chrétiens ne
peut pas se faire en sacrifiant la vérité.
« Je suis bien conscient que beaucoup de chrétiens de ce pays, et
pas seulement de celui-ci, s’attendent à de nouveaux pas concrets de
rapprochement », a-t-il affirmé.
« Je les attends moi aussi », a-t-il reconnu dans son discours
prononcé après les allocutions du cardinal Karl Lehmann, président
de la Conférence épiscopale allemande et de l’évêque luthérien
Wolfgang Huber de Berlin.
« En effet, a-t-il souligné, c’est le commandement du Seigneur, mais
aussi l’impératif du moment présent, de continuer le dialogue de
manière convaincue, à tous les niveaux de la vie de l’Église ».
« Cela doit évidemment se réaliser avec sincérité et réalisme, avec
patience et persévérance, dans la pleine fidélité aux préceptes de
la conscience. Il ne peut y avoir un dialogue au prix de la vérité ;
le dialogue doit se mener dans la charité et dans la vérité », a
affirmé Benoît XVI.
Pour l’évêque de Rome « il est évident qu’un tel dialogue ne peut en
définitive se développer que dans un contexte de spiritualité
sincère et cohérente ».
« Nous ne pouvons pas «faire» l’unité par nos seules forces. Nous
pouvons seulement l’obtenir comme un don de l’Esprit Saint.
L’œcuménisme spirituel, c’est-à-dire la prière, la conversion et la
sanctification de la vie, constituent donc le cœur du mouvement
œcuménique », a-t-il expliqué.
« On pourrait dire aussi : la meilleure forme d’œcuménisme consiste
dans une vie selon l’Évangile », a conclu Benoît XVI.
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Le pape déjeune avec 12
jeunes à Cologne
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Ce vendredi, deuxième jour de son voyage à Cologne, le pape a
déjeuné avec 12 jeunes représentant les pèlerins des cinq continents
présents aux JMJ. Il les a conquis, en servant notamment
d’interprète à ceux qui ne se comprenaient pas.
« Il a vraiment tenté de jeter des ponts entre nous », a déclaré
Klaus Langenstück, 22 ans, Allemand, au cours de la conférence de
presse qui a eu lieu au centre de presse de Cologne à laquelle
participaient les 12 jeunes qui ont eu l’honneur de déjeuner avec
Benoît XVI ce vendredi, au Séminaire Majeur de la ville.
Les jeunes ont précisé que le pape a prié en latin, avant et après
le repas. Mgr Franz Josef H. Bode, évêque d’Osnabrück et président
de la Commission épiscopale pour la pastorale des jeunes, était
également présent.
« C’est vraiment un homme comme nous. Cela a détendu l’atmosphère »,
a déclaré Martin Hounzinme Adonha, 27 ans, originaire du Bénin.
« Le pape est surtout une personne qui écoute. J’ai été très surpris
par le fait qu’il soit resté longtemps avec nous, alors que sa
journée était si dense », a déclaré Johny Bassous, 20 ans, venu de
Bethléem. « Je lui ai demandé quel message il souhaitait que je
transmette aux chrétiens palestiniens. La réponse qu’il m’a donnée
était un message de réconciliation, a poursuivi le jeune
Palestinien. Nous chrétiens, devons témoigner parmi les autres
religions du message de réconciliation et de paix contenu dans
l’Evangile ».
Voici la liste des douze jeunes qui ont déjeuné avec le pape :
Christille Giraudet de Boudemange, France, 20 ans
Jason Mackiewicz, Irlande, 28 ans
Nicolàs José Frias Ossandon, Chili, 19 ans
Martin Hounzinme Adonha, Bénin, 27 ans
Yunju RosaLee, Chine, 21 ans
Lauriane-Salomé Moufouma-Okia, Congo, 26 ans
Véronique Rondeau, Canada, 23 ans
Anna Franziska Herbst, Alemagne, 18 ans
Klaus Langenstück, Alemagne, 22 ans
Aleksander Pavkovic, Slovénie, 28 ans
Lubica Jovanovic, Australie, 19 ans
Johny Bassous, Palestine, 20 ans
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Benoît XVI propose un
objectif aux séminaristes : la sainteté
Une nouveauté dans le programme des JMJ
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Benoît XVI a proposé aujourd’hui aux quelque 3000 séminaristes
présents à Cologne, qu’il a rencontrés ce vendredi dans l’église de
San Pantaléon, de choisir la sainteté comme objectif de leur vie.
« Le secret de la sainteté est l’amitié avec le Christ et l’adhésion
fidèle à sa volonté », a-t-il expliqué.
Au cours de la rencontre, Benoît XVI a prié les Vêpres avec les
séminaristes.
Après avoir entendu les témoignages de la vocation d’un séminariste,
d’un prêtre et du cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, le
pape a prononcé une homélie dans laquelle il explique pourquoi il a
voulu organiser cette rencontre avec les séminaristes, une première
lors des JMJ.
« J’ai voulu qu’au programme de ces journées de Cologne, il y eut
une rencontre spéciale avec les jeunes séminaristes, pour
qu’apparaisse de façon explicite et plus forte la dimension
vocationelle, qui est toujours présente dans les Journées mondiales
de la Jeunesse », a déclaré Benoît XVI.
« Vous aussi, après le long et nécessaire itinéraire de formation du
séminaire, vous serez envoyés pour être les ministres du Christ;
chacun de vous ira au milieu des gens comme alter Christus », a-t-il
poursuivi.
Le pape a ensuite confié aux séminaristes le secret de leur vocation
:
« ‘Demeurez dans mon amour’ (Jn 15, 9). Si vous demeurez dans le
Christ, vous porterez beaucoup de fruit. Ce n’est pas vous qui
l’avez choisi, mais lui qui vous a choisis (cf. Jn 15, 16). Voilà le
secret de votre vocation et de votre mission! » a affirmé le pape.
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Le pèlerinage des jeunes, à
l’école des Mages venus d’Orient
Sous le regard de la Vierge Marie
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Les " Mages venus d’orient ", dont parle l’Evangile de Saint
Matthieu ont marqué la journée du 18 août, fête liturgique de sainte
Hélène, jour d’arrivée du pape à Cologne.
Les jeunes puis le pape lui-même ont fait le pèlerinage pour vénérer
leurs reliques dans le
fabuleux reliquaire placé dans le chœur de la cathédrale de Cologne.
Le Message de Jean-Paul II aux jeunes pour ces XXe JMJ, datant du 6
août 2004 présentait le thème de cette rencontre de Cologne : « Nous
sommes venus l'adorer » (Mt 2, 2), la phrase des Mages venus à
Jérusalem à la recherche l’Enfant Jésus. Ils cherchent « le Roi des
Juifs qui vient de naître ». « Les Mages, explique Jean-Paul II,
arrivèrent à Bethléem parce qu'ils se laissèrent docilement conduire
par l'étoile. Plus encore, « quand ils virent l'étoile, ils
éprouvèrent une très grande joie » (Mt 2, 10). Il est important,
chers jeunes, d'apprendre à scruter les signes par lesquels Dieu
nous appelle et nous guide. Lorsque nous sommes conscients d'être
conduits par lui, le cœur ressent une joie authentique et profonde,
qui s'accompagne d'un vif désir de le rencontrer et d'un effort
persévérant pour le suivre docilement ».
Le parcours des jeunes du bastion à la cathédrale, en passant par le
pont Hohenzollern jusqu’au Tanzbrunnen de l’autre côté du Rhin dure
environ trois heures. On ne pouvait pas prendre cette « autoroute »
de la foi à « contre sens ».
Paisiblement, en parlant, en chantant, la colonne avance. Au début,
il faut une heure d’attente pour franchir le seuil de cet immense
reliquaire que constitue la cathédrale. Les reliques des Mages y
sont conservées depuis 1162, date de l’invasion de Milan par les
troupes de l’empereur Frédéric Barberousse qui remit les reliques à
l’évêque Rainald de Dassel qui
les emporta à Cologne. Il allait ainsi transformer Cologne en un
haut lieu de pèlerinage pendant des siècles. La construction de la
cathédrale – et sa reconstruction après les blessures de la dernière
guerre mondiale – s’est étendue sur des siècles jusqu’en 1970. Dès
l’époque romaine tardive, les premiers chrétiens se rassemblaient en
ce lieu pour célébrer le Christ.
Dès six heures, docilement, le flot immense des jeunes de toutes
Nations franchit le portail. Deux volontaires veillent en t-shit
rouge « à la porte » comme le dit le prophète. L’équipe de jour sera
là jusqu’à 16 heures. Après la visite du pape, le pèlerinage des
jeunes reprendra et les volontaires les accompagneront jusqu’à
minuit avec la messe finale.
A l’intérieur, le spectacle est inouï. Avec ses 144,58 mètres de
long et ses 157,38 mètres de haut, la cathédrale fait que le pèlerin
qui pénètre dans le sanctuaire éclairé de longues verrières
gothiques se sent tout petit. Mais une foule nombreuse peut y
respirer aisément sans suffoquer.
Les pèlerins avancent lentement, sac bleu ciel et bleu marine sur
les épaules, étendards et drapeau fièrement portés, couvre-chefs
retirés pour les garçons.
Un groupe de Philippins s’assied et se repose dans la nef latérale
droite. Un groupe de Brésiliens du mouvement de Schönstatt chante au
son de la guitare et porte en procession l’icône de la Vierge trois
fois aimable de Schönstatt choisie par le fondateur, le Père Joseph
Kentenich comme signe de ralliement.
Les jeunes avancent sous le regard attentif de la fameuse statue de
la Vierge de Milan, statue de bois polychrome, couronnée d’étoiles,
apportée de Milan avec les reliques des Mages.
Des pèlerins du Chemin Neuf chantent en français les paroles de
l’Evangile : « Nous sommes venus l’adorer ». La nef est comble. La
foule s’engage à droite dans le déambulatoire, et passe devant le
magnifique triptyque de l’adoration des mages sur fond or par
Stephan Lochner (v. 1445), qui se trouve dans la cathédrale depuis
1809.
La Vierge en manteau bleu abaisse son regard doux sur l’Enfant Jésus
à peine recouvert d’un lange. A sa droite, un roi à barbe
grisonnante, au riche vêtement rouge, les mains jointes, émerveillé,
le visage tout proche de l’Enfant, a déjà déposé son trésor, l’or
signe de royauté. A sa gauche deux autres rois plus jeunes
s’avancent avec leur offrande de myrrhe, annonce de souffrance mais
aussi d’immortalité, et d’encens, signe de la divine présence. Un
étendard
porte l’étoile sur fond bleu (cf.
www.koelner-dom.de).
Sainte Ursule et ses compagnes, martyres, se joignent sur le volet
gauche du triptyque, à l’adoration des mages, ainsi que les
compagnons de saint Géréon, sur le panneau droit, et les martyrs de
la Légion thébéenne.
Enfin, l’attente est récompensée, voilà le reliquaire d’or orné de
pierreries, le plus grand et précieux laissé par les orfèvres du
Moyen Age. Il a la forme de trois maisons allongées, deux à la base,
la troisième superposée. Les jeunes s’arrêtent, debout, assis, à
genoux, étonnés, le regard levé vers le mystère, au-delà du
reliquaire, vers l’étoile. Certains groupes, dociles aux indications
des volontaires ne s’arrêtent que plus loin, en retrait, pour une
explication, une
prière, un dernier regard.
La chapelle où le Saint-Sacrement est exposé attire les jeunes :
paix et recueillement, des lys blancs entourent l’ostensoir et
l’autel. Les vitraux laissent passer la lumière en abondance. A
l’école des Mages ils sont « venus L’adorer ».
Avant de repartir, ils s’arrêtent devant la statue de la Vierge
Marie habillée, à l’instar des Vierges espagnoles, son vêtement
blanc orné des ex-voto des fidèles : croix ou médailles d’or,
colliers de perles, bijoux, offerts, comme ces centaines de bougies
qui prolongeront la prière et font chercher au fond des poches les
pièces de monnaie en euros. Un groupe de Coptes catholiques d’Egypte
se regroupe là.
Dehors, les volontaires aident les jeunes à poursuivre leur chemin
vers le Rhin et le pèlerinage reste fluide. Un drapeau du Liban
passe, un drapeau jordanien : les catholiques du Moyen Orient sont
heureux de se retrouver, en Eglise avec les jeunes de tous pays, ils
sentent leur foi fortifiée.
Le « Corsaire » du drapeau sarde fait croire à quelque Français
qu’il rencontre des jeunes venus de l’Ile de Beauté: non, ce groupe
des Jeunesses franciscaines sardes est arrivé d’Italie en avion,
tandis que les jeunesses franciscaines de toute la péninsule,
regroupées à Milan ont fait le voyage en bus… presque vingt-quatre
heures. Dans tous les visages on lit la joie, parfois exubérante,
mais toujours paisible. L’esprit de paix des JMJ anime les quelque
400.000 jeunes déjà arrivés au but de leur pèlerinage.
Le pape Benoît XVI l’a dit dès son arrivée, à midi, à l’aéroport
Konrad Adenauer : « La rencontre du Successeur de Pierre avec de
nombreux jeunes est un signe de la vitalité de l’Eglise. Je suis
heureux d’être au milieu des jeunes, de soutenir leur foi et
d’animer leur espérance. En même temps, je suis certain de recevoir
quelque chose des jeunes, surtout
de leur enthousiasme, de leur sensibilité et de leur disponibilité à
faire face aux défis de l’avenir ».
L’après midi, après la croisière sur le Rhin avec les jeunes,
quelques uns sur le bateau de la RheinEnergie et les autres sur les
berges, parfois avec de l’eau jusqu’à la ceinture, le pape a fait
lui aussi le pèlerinage à la cathédrale. Il y a retrouvé sa
jeunesse, ses anciens étudiants, et aussi ses maîtres, les cardinaux
Frings et Höffner qui reposent dans la crypte.
« La joie est grande au sein du clergé de Cologne, disait le doyen
du chapitre cathédral en accueillant le pape, car un grand nombre
d’entre nous ont été vos élèves. Pour ne citer que mon expérience
personnelle, je me permets de vous dire que vous avez éveillé en
nous l’enthousiasme pour la théologie et l’amour de l’Eglise dans la
sobriété de l’obéissance ».
Et le cardinal archevêque de Cologne, Joachim Meisner soulignait
combien le pape est ici « chez lui ». Cette première journée avait
quelque chose d’une réunion de famille simple et débordante de joie.
On en retiendra peut-être cette image des jeunes, sur le bateau,
assis
familièrement au bord de l’estrade où se trouvait le fauteuil du
pape sur le pont découvert, venant tour à tour le saluer
chaleureusement, lui serrer les mains, ou plutôt placer leurs mains
dans les siennes, lui demandant parfois de pouvoir être pris en
photo avec lui, côte à côte.
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L’archevêque de Khartoum :
« Il y a encore une espérance de paix au Soudan »
Conférence de presse à Cologne avec le cardinal Zubeir Wako
ROME, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Le processus de paix au Soudan se sera pas interrompu par la mort
du vice-président John Garang. Le cardinal Zubeir Wako, archevêque
de Khartoum, l’a affirmé lors d’une conférence de presse organisée
par l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse), à Cologne.
Le cardinal soudanais a reconnu que la méfiance et les risques
d’affrontement entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste
restent importants. Il affirme cependant que l’on pourra continuer à
espérer, si les successeurs de Garang respectent le « message de
paix » de ce dernier.
John Garang, nommé le 9 juillet 2005 vice-président du Soudan, est
décédé le 30 juillet dans un accident d’hélicoptère dont les causes
restent encore mystérieuses. Sa mort a provoqué des troubles dans la
capitale. Garang était l’un des fondateurs du mouvement de
libération SPLA qui s’opposa pendant 21 ans au gouvernement central
soudanais pour tenter d’obtenir l’indépendance du sud du pays peuplé
essentiellement de chrétiens et d’animistes qui luttent contre
l’introduction de la loi islamique dans cette partie du pays.
Autre motif de conflit : la présence d’importants gisements de
pétrole dans le sud du Soudan. Le 9 janvier 2005, un accord de paix
a été signé à Nairobi (Kenya). Celui-ci mettait fin à une guerre
commencée en 1983 qui, selon des estimations de l’AED pourrait avoir
fait 2,5 millions de morts et contraint plus de 5 millions de
personnes à abandonner leur domicile.
Concernant la menace de sécession du pays, le cardinal Wako a
précisé que les années à venir seront décisives et que la stabilité
du pays dépendra largement de l’honnêteté de tous dans le partage
des matières premières et du respect des droits humains.
Il estime par conséquent important de soutenir les partis qui
défendent sérieusement la démocratie et les droits humains.
Il a affirmé qu’il est également très important de rétablir la
présence de l’Eglise afin que les réfugiés puissent se réinstaller
dans le sud du pays. « Les gens viennent là où se trouve l’Eglise,
car ils savent que là, ils recevront de l’aide », a-t-il déclaré.
Le Soudan compte près de 33 millions d’habitants répartis en 572
tribus. Une population arabe musulmane (39%) domine dans le nord du
pays. Le sud est peuplé essentiellement de chrétiens et de membres
des religions tribales.
Le Soudan compte 70% de musulmans sunnites et près de 20% de
chrétiens catholiques.
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Paul Ponce, le jongleur de
Dieu, sera présent lors de la veillée avec le pape, samedi
Il explique l’importance de la foi en Dieu dans sa vie
ROME, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Paul Ponce, considéré comme l’un des trois meilleurs jongleurs du
monde, sera présent samedi à la veillée à laquelle participera
Benoît XVI, à Cologne, aux côtés de plusieurs centaines de milliers
de jeunes du monde entier.
La rencontre avec le pape « sera pour moi l’un des moments les plus
importants de toute ma carrière professionnelle, en raison de
l’importance que revêt pour moi le fait de vivre ma foi dans
l’Eglise catholique », reconnaît ce jongleur exceptionnel, qui manie
à la perfection les quilles, les chapeaux et les balles de ping pong.
Paul Ponce, originaire d’Argentine, est né dans une famille
d’artistes. Il a donné des spectacles dans le monde entier, surtout
aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.
En hiver 2004, les organisateurs de la JMJ, dont le secrétaire
général, Mgr Heiner Koch, impressionnés par un numéro que le jeune
jongleur venait de présenter à Cologne, lui demandèrent de réaliser
une version adaptée du « Jongleur de Notre Dame ».
Paul Ponce est né dans une famille catholique mais il estime que sa
vraie conversion a eu lieu lorsqu’il avait 21 ans, alors qu’il
travaillait au spectacle du casino de Nassau, aux Bahamas.
Il voulut recevoir le sacrement de la Confirmation mais le curé lui
demanda de suivre auparavant un cours de catéchèse avec un groupes
d’adolescents de 14-15 ans.
« C’est là que tout a commencé », raconte-t-il. « J’ai commencé à me
poser des questions très sérieuses que je ne m’étais jamais posées
avant : pourquoi étais-je catholique ? Que signifiaient Dieu et
l’Eglise pour moi ? »
« Il y a un moment de ma conversion que je ne peux pas oublier : le
moment où je suis entré seul dans l’église pour prier et fixer mon
regard sur le crucifix. En le regardant je me demandais : pourquoi
tant de douleur et de souffrance ? » se souvient-il.
« J’ai alors commencé à me rendre compte que Dieu avait comblé ma
vie tout entière de grâces et de dons, et que j’étais très loin dans
mon devoir envers Dieu comme chrétien baptisé », explique-t-il.
« Le plus incroyable était que plus je tentais de comprendre et de
faire le bien vis-à-vis de Dieu et des autres, plus je me sentais
heureux et comblé », raconte le jongleur.
« Le moment le plus fort a été ma décision de cesser de travailler
dans le monde artistique pendant une année pour offrir une année
comme « collaborateur » (missionnaire laïc) à l’Eglise, en me disant
que Dieu avait fait beaucoup pour moi et que je voulais essayer de
faire quelque chose pour Lui », explique Paul Ponce.
« A la fin de cette année, je me suis rendu compte qu’elle avait été
la plus heureuse de toute ma vie, car au cours de cette année,
j’avais appris où se trouvait le bonheur : dans le fait de chercher
Dieu et le bien des autres », poursuit-il.
« Maintenant, je travaille dans le monde artistique avec un nouvel
idéal : celui de voir comment je peux être un instrument de Dieu
pour mes compagnons, non pas pour ce que je pourrais faire pour eux,
car je ne pourrais rien faire, mais pour ce que Dieu peut faire pour
eux en se servant toujours d’instruments indignes ».
Paul Ponce a confié à Zenit que lorsqu’il verra le pape demain soir
lors de la veillée, il lui dira ceci : « Ma vie n’aurait aucun sens
sans la foi. Je prie chaque jour pour vous, pour votre tâche
difficile que l’Esprit Saint éclaire sans aucun doute, et pour que
l’amour de Dieu et la culture de la vie règnent dans les cœurs de
cette humanité qui a tellement soif de connaître le Christ ».
Comme apostolat, Paul offre entre autres des aides économiques à des
écoles catholiques d’Amérique Latine qui accueillent des enfants de
familles très pauvres. Pour leur venir en aide le jeune jongleur
vend ces jours-ci à Cologne des t-shirts sur lesquels sont imprimés
des messages évangélisateurs.
Il est également possible de voir et d’acheter ces t-shirts à
l’adresse suivante :
http://www.owac-tees.com.
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L’Allemagne est en train de
vivre une sorte de « réveil spirituel »
Déclarations du père Markus Wittal, musicien et compositeur, présent
aux JMJ
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– En Allemagne « on assiste à une sorte de réveil spirituel dans la
pastorale des jeunes suscité par la soif des jeunes qui veulent en
savoir toujours plus sur le Christ », affirme le père Markus Wittal,
musicien et compositeur, dans des déclarations à Zenit.
Membre de la Communauté catholique de l’Emmanuel, fondée par Pierre
Goursat en France en 1972, le père Wittal est chargé d’animer la
prière dans l’église Sainte Marie in Lyskirchen, tout au long des
JMJ. Dans le passé, il a composé une œuvre musicale inspirée de
Marie, qui a connu un grand succès, de nombreuses messes et chants
religieux, ainsi qu’une comédie musicale présentée au cours de la
Journée mondiale de la Jeunesse à Rome en l’an 2000.
« Je considère le fait que la JMJ se tienne ici à Cologne et
l’élection au pontificat de Benoît XVI, comme deux événements
providentiels qui enflamment véritablement l’Eglise allemande » a
dit le jeune prêtre allemand de 38 ans.
Le père Markus a ensuite rappelé l’interrogation que cet événement
suscite en chacun de nous : « Qu’est ce que ça signifie de nos
jours, être catholique ? et que veut dire être un membre actif de
l’Eglise ? ».
« Ces questions inscrites entre les lignes du thème des JMJ 2005 :
‘Nous sommes venus l’adorer’, nous conduisent directement à ce que
sont nos racines. J’ai déjà pu noter lors des préparations des JMJ,
la force, l’efficacité du dialogue entre les personnes sur ces
arguments, et voir de grands signes d’ouvertures ».
« La ville et le pays en général semblent croire que cet événement
pourra ouvrir de nombreuses portes en termes de foi et en termes de
renouveau spirituel » a-t-il poursuivi.
Le père Markus, à qui a été confiée l’animation musicale lors de la
visite du pape aux séminaristes de Cologne, ce vendredi après-midi,
a pris part comme musicien, aux côtés de prêtres de différentes
nationalités, à la « Nightfever : 4 chemins, 1 destination ! », une
soirée internationale de témoignages de foi et de prière qui a eu
lieu mercredi soir, à Bonn au Sportpark Nord Stadion et à laquelle
ont participé près de 2000 personnes.
A propos de la rencontre entre le pape et les séminaristes qui a eu
lieu ce vendredi après-midi en l’église Saint-Pantéléon à Cologne,
le père Markus a affirmé que ce geste témoigne « du profond intérêt
du pape Benoît XVI pour les jeunes vocations ; ainsi que son soutien
à qui entend s’engager dans cette voie, répondant avec courage à
l’appel de Dieu ».
« Je suis en outre convaincu de l’importance de la musique dans la
prière – affirme le prêtre allemand – parce que la musique est
capable, plus que toute autre chose, d’exprimer au mieux notre
identité ».
« En rentrant chez eux, les jeunes conserveront dans leurs cœurs, en
les chantant, les mélodies entendues lors de ces journées, exprimant
ainsi au monde leur propre foi et leur identité catholique », a-t-il
déclaré.
« On trouvera une paroisse qui vibre, là ou la musique est faite et
composée par de jeunes catholiques » a-t-il souligné.
Le riche panorama musical offert par près de 2.450 chanteurs et
musiciens qui s’alternent sur les scènes, dans les espaces aménagés
pour eux, ou au cours des célébrations liturgiques, est
particulièrement caractéristique de ces Journées de Cologne.
Dans la soirée du 16 août dédiée au « Welcome! Festivals », de la
JMJ qui se sont déroulés dans les stades de Cologne, Düsseldorf et
dans le Hoftgarden de Bonn, ont participé les Black Foos,
accompagnés des 18 jeunes du premier chœur de jeunes du langage des
signes d’Allemagne, le choeur de l’église Saint-Georges de Cologne.
Le chœur des jeunes de Saint-Georges, constitué en 2004 précisément
en vue des JMJ, est le signe d’une profonde intégration. Composé de
jeunes âgés entre 16 et 24 ans, sourds et malentendants, il vise à
combattre les préjugés à l’égard de toutes les formes de handicap.
Ce chœur participera à la célébration eucharistique de clôture qui
aura lieu le dimanche 21 août sur l’esplanade de Marienfeld.
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- Documents -
Discours du pape dans la
synagogue de Cologne
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
- Publicamos el discurso que dirigió este viernes Benedicto XVI al
visitar al Sinagoga de Colonia, tras haber escuchado el saludo del
rabino Netanel Teitelbaum.
* * *
Mesdames et Messieurs,
Chers Frères et Sœurs,
Schalom lêchém! C’était mon profond désir, à l’occasion de ma
première visite en Allemagne après mon élection comme successeur de
l’Apôtre Pierre, de rencontrer la communauté juive de Cologne et les
représentants du judaïsme allemand. Par cette visite, je voudrais me
relier à l’événement du 17 novembre 1980, lorsque mon vénéré
prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, au cours de son premier voyage
en Allemagne, rencontra à Mayence le Comité central juif en
Allemagne et la Conférence rabbinique. En cette circonstance, je
veux aussi confirmer mon désir de poursuivre le chemin en vue d’une
amélioration des relations et de l’amitié avec le peuple juif,
chemin sur lequel le Pape Jean-Paul II a fait des pas décisifs (cf.
Discours à la délégation de l’International Jewish Committee on
Interreligious Consultations, 9 juin 2005: La Documentation
catholique 102, [2005], p. 741).
La communauté juive de Cologne peut se sentir vraiment «chez elle»
dans cette ville. Cette dernière est en effet le siège le plus
ancien d’une communauté juive sur le territoire allemand: il remonte
à la ville de Cologne de l’époque romaine. L’histoire des relations
entre la communauté juive et la communauté chrétienne est complexe
et souvent douloureuse. Il y a eu des périodes de bonne
convivialité, mais il y a eu aussi l’expulsion des juifs de Cologne
en 1424. Au XXe siècle, au temps le plus sombre de l’histoire
allemande et européenne, une folle idéologie raciste, de conception
néo-païenne, fut à l’origine de la tentative, projetée et
systématiquement mise en œuvre par le régime, d’exterminer le
judaïsme européen: se déroula alors ce qui est passé à l’histoire
sous le nom de Shoah. Les victimes de ce crime inouï, et jusque-là
inimaginable, s’élèvent dans la seule ville de Cologne à 7.000
personnes dont le nom est connu; en réalité, elles ont certainement
été beaucoup plus nombreuses. La sainteté de Dieu ne se
reconnaissait plus, et pour cela on foulait aussi aux pieds le
caractère sacré de la vie humaine.
Cette année, on célèbre le 60e anniversaire de la libération des
camps de concentration nazis, où des millions de juifs – hommes,
femmes et enfants – ont été tués dans les chambres à gaz et brûlés
dans les fours crématoires. Je fais miennes les paroles écrites par
mon vénéré Prédécesseur à l’occasion du 60e anniversaire de la
libération d’Auschwitz et je dis moi aussi: « Je m’incline devant
tous ceux qui ont eu à subir cette manifestation du mysterium
iniquitatis». Les terribles événements d’alors doivent «sans cesse
réveiller les consciences, éteindre les conflits, exhorter à la
paix» (Message pour la libération d’Auschwitz, 15 janvier 2005).
Nous devons nous souvenir ensemble de Dieu et de son sage projet sur
le monde qu’il a créé: Lui, comme le rappelle le Livre de la
Sagesse, «aime la vie» (11, 26).
Cette année, nous fêtons aussi le 40e anniversaire de la
promulgation de la Déclaration Nostra ætate du Concile œcuménique
Vatican II, qui a ouvert de nouvelles perspectives dans les
relations judéo-chrétiennes, sous le signe du dialogue et de la
solidarité. Cette Déclaration, au chapitre quatre, rappelle nos
racines communes et le très riche patrimoine spirituel que partagent
juifs et chrétiens. Aussi bien les juifs que les chrétiens
reconnaissent en Abraham leur père dans la foi (cf. Ga 3, 7; Rm 4,
11ss) et ils font référence aux enseignements de Moïse et des
prophètes. La spiritualité des juifs et celle des chrétiens se
nourrit des Psaumes. Avec l’Apôtre Paul, les chrétiens sont
convaincus que «les dons de Dieu et son appel sont irrévocables» (Rm
11, 29; cf. 9, 6.11; 11, 1s). Étant donné les racines juives du
christianisme (cf. Rm 11, 16-24), mon vénéré Prédécesseur,
confirmant un jugement des Évêques allemands, affirma: «Qui
rencontre Jésus Christ rencontre le judaïsme» (La Documentation
catholique 77 [1980], p. 1148).
De ce fait, la Déclaration conciliaire Nostra ætate, «déplore les
haines, les persécutions, les manifestations d’antisémitisme
dirigées contre les Juifs, quels que soient leur époque et leurs
auteurs» (n. 4). Dieu nous a tous créés «à son image» (Gn 1, 27),
nous honorant ainsi d’une dignité transcendante. Devant Dieu, tous
les hommes ont la même valeur et la même dignité, quels que soient
le peuple, la culture ou la religion auxquels ils appartiennent.
Pour cette raison, la Déclaration Nostra ætate parle aussi avec
grande estime des musulmans (cf. n. 3) et des personnes qui
appartiennent aux autres religions (cf. n. 2). En raison de la
dignité humaine commune à tous, l’Église catholique «réprouve comme
contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation
dont sont victimes des hommes à cause de leur race, de leur couleur,
de leur condition ou de leur religion» (n. 5). L’Église est
consciente de son devoir de transmettre, dans la catéchèse comme
dans tous les aspects de sa vie, cette doctrine aux nouvelles
générations qui n’ont pas été témoins des événements terribles
survenus avant et durant la seconde guerre mondiale. C’est un devoir
d’importance particulière dans la mesure où aujourd’hui,
malheureusement, émergent de nouveau des signes d’antisémitisme et
où se manifestent diverses formes d’hostilité généralisée envers les
étrangers. Comment ne pas voir en cela un motif de préoccupation et
de vigilance? L’Église catholique s’engage – je le réaffirme aussi
en cette circonstance – en faveur de la tolérance, du respect, de
l’amitié et de la paix entre tous les peuples, toutes les cultures
et toutes les religions.
Au cours des quarante années passées depuis la Déclaration
conciliaire Nostra ætate, en Allemagne et au niveau international,
on a fait beaucoup pour l’amélioration et l’approfondissement des
relations entre juifs et chrétiens. Outre les relations officielles,
grâce surtout à la collaboration entre les spécialistes en sciences
bibliques, de nombreuses amitiés sont nées. Je rappelle, à ce
propos, les diverses déclarations de la Conférence épiscopale
allemande et l’activité bénéfique de la «Société pour la
collaboration judéo-chrétienne de Cologne», qui a contribué à faire
en sorte que, à partir de 1945, la communauté juive puisse de
nouveau se sentir «chez elle» ici, à Cologne, et instaurer une bonne
convivialité avec les communautés chrétiennes. Il reste cependant
encore beaucoup à faire. Nous devons nous connaître mutuellement
beaucoup plus et beaucoup mieux. J’encourage donc un dialogue
sincère et confiant entre juifs et chrétiens: c’est seulement ainsi
qu’il sera possible de parvenir à une interprétation commune des
questions historiques encore discutées et, surtout, de faire des pas
en avant dans l’évaluation, du point de vue théologique, du rapport
entre judaïsme et christianisme. Ce dialogue, s’il veut être
sincère, ne doit pas passer sous silence les différences existantes
ou les minimiser: précisément dans ce qui nous distingue les uns des
autres à cause de notre intime conviction de foi, et en raison même
de cela, nous devons nous respecter mutuellement.
Enfin, notre regard ne devrait pas se tourner seulement en arrière,
vers le passé, mais devrait nous pousser aussi en avant, vers les
tâches d’aujourd’hui et de demain. Notre riche patrimoine commun et
nos relations fraternelles inspirées par une confiance croissante
nous incitent à donner ensemble un témoignage encore plus unanime,
collaborant sur le plan pratique pour la défense et la promotion des
droits de l’homme et du caractère sacré de la vie humaine, pour les
valeurs de la famille, pour la justice sociale et pour la paix dans
le monde. Le Décalogue (cf. Ex 20, Dt 5) constitue pour nous un
patrimoine et un engagement communs. Les dix commandements ne sont
pas un poids, mais la direction donnée sur le chemin d’une vie
réussie. Ils le sont, en particulier, pour les jeunes que je
rencontre ces jours-ci et qui me tiennent tant à cœur. Mon souhait
est qu’ils sachent reconnaître dans le Décalogue la lampe de leurs
pas, la lumière de leur route (cf. Ps 119, 105). Les adultes ont la
responsabilité de transmettre aux jeunes le flambeau de l’espérance
qui a été donnée par Dieu aux juifs comme aux chrétiens, pour que
«jamais plus» les forces du mal n’arrivent au pouvoir et que les
générations futures, avec l’aide de Dieu, puissent construire un
monde plus juste et plus pacifique dans lequel tous les hommes aient
un droit égal de citoyen.
Je conclus avec les paroles du psaume 29, qui sont un vœu et aussi
une prière: «Le Seigneur accorde à son peuple la puissance, le
Seigneur bénit son peuple en lui donnant la paix». Puisse-t-il nous
exaucer !
[Traduction de l’original en allemand distribué par la salle de
presse du Saint-Siège]
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Homélie du pape aux
séminaristes
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Nous publions ci-dessous l’homélie que le pape Benoît XVI a
prononcée au cours des Vêpres en présence des séminaristes
participant aux JMJ, dans l’église de Saint Pantaléon de Cologne.
* * *
[En allemand]
Chers séminaristes,
Je vous salue tous avec beaucoup d’affection, vous remerciant de
votre accueil joyeux et surtout vous remerciant d’être venus à ce
rendez-vous de nombreux pays des cinq continents. Ma pensée va avant
tout au séminariste, au prêtre et à l’évêque qui nous ont offert
leur témoignage personnel. Merci de tout cœur. Je suis heureux de
cette rencontre avec vous. J’ai voulu qu’au programme de ces
journées de Cologne, il y eut une rencontre spéciale avec les jeunes
séminaristes, pour qu’apparaisse de façon explicite et plus forte la
dimension vocationelle, qui est toujours présente dans les Journées
mondiales de la Jeunesse. Vous vivez certainement cette expérience
avec une intensité toute particulière, précisément parce que vous
êtes séminaristes, c’est-à-dire des jeunes qui se trouvent dans un
temps fort de recherche du Christ et de rencontre avec lui, en vue
d’une importante mission dans l’Église. Voici ce qu’est le
séminaire: moins un lieu qu'un temps significatif de la vie d’un
disciple de Jésus. J’imagine l’écho que peuvent avoir en vous les
paroles du thème de cette vingtième Journée mondiale – «Nous sommes
venus l’adorer» – et tout le récit évangélique des Mages dont ce
thème est tiré. Cette page revêt pour vous une valeur singulière,
justement parce que vous êtes en train d’accomplir le parcours de
discernement et de vérification de l’appel au sacerdoce. C’est sur
cela que je voudrais m’arrêter et réfléchir avec vous.
[En français]
Pourquoi les Mages de pays lointains sont-ils allés à Bethléem? La
réponse est liée au mystère de «l’étoile» qu’ils virent «se lever»
et qu’ils identifièrent comme l’étoile du «roi des juifs»,
c’est-à-dire comme le signe de la naissance du Messie (cf. Mt 2, 2).
Et leur voyage fut donc animé par la force d’une espérance, qui dans
l’étoile obtenait ensuite sa confirmation et recevait son guide vers
« le roi des Juifs », vers la royauté de Dieu lui-même. Les Mages
partirent parce qu’ils nourrissaient un grand désir, qui les
poussait à tout laisser et à se mettre en chemin. C’était comme
s’ils avaient attendu depuis toujours cette étoile. Comme si ce
voyage était depuis toujours inscrit dans leur destinée, et alors se
réalisait enfin. Chers amis, c’est cela le mystère de l’appel, de la
vocation; mystère qui engage la vie de tout chrétien, mais qui se
manifeste avec une plus grande évidence chez ceux que le Christ
invite à tout laisser pour le suivre de plus près. Le séminariste
vit la beauté de l’appel dans un moment que nous pourrions définir
de «passion». Son âme est remplie de stupeur, qui lui fait dire dans
la prière: Seigneur, mais pourquoi moi ? Et l’amour n’a pas de
«pourquoi», il est don gratuit, auquel on répond par le don de soi.
[En anglais]
Le séminaire est le temps destiné à la formation et au discernement.
La formation, comme vous le savez bien, a diverses dimensions, qui
convergent dans l’unité de la personne: elle comprend le domaine
humain, spirituel et culturel. Son but le plus profond est de faire
connaître intimement ce Dieu qui en Jésus Christ nous a montré son
visage. C’est pourquoi une étude approfondie de la Sainte Écriture
de même que de la foi et de la vie de l’Église, dans laquelle
l’Écriture demeure comme parole vivante, est nécessaire. Tout cela
doit se joindre aux questions de notre raison et donc au contexte de
la vie humaine d’aujourd’hui. Cette étude peut parfois sembler
pénible, mais elle constitue une partie irremplaçable de notre
rencontre avec le Christ et de notre appel à l’annoncer. Tout
concourt à développer une personnalité cohérente et équilibrée, en
mesure d’assumer valablement, pour ensuite accomplir de façon
responsable la mission presbytérale. Le rôle des formateurs est
décisif: la qualité du presbytérium dans une Église particulière
dépend en bonne partie de la qualité du séminaire, et par conséquent
de celle des responsables de la formation. Chers séminaristes, c’est
pourquoi, avec une vive reconnaissance, nous prions aujourd’hui pour
tous vos supérieurs, vos professeurs et vos éducateurs, que nous
sentons spirituellement présents à cette rencontre. Demandons au
Seigneur qu’ils puissent remplir de la meilleure façon la tâche si
importante qui leur est confiée. Le séminaire est un temps de
cheminement, de recherche, mais surtout de découverte du Christ. En
effet, c’est seulement dans la mesure où il fait une expérience
personnelle du Christ que le jeune peut comprendre en vérité sa
volonté, et donc sa propre vocation. Plus tu connais Jésus et plus
son mystère t’attire; plus tu le rencontres et plus tu es poussé à
le chercher. C’est un mouvement de l’esprit qui dure toute la vie,
et qui trouve au séminaire une saison riche de promesses, son
«printemps».
[En italien]
Arrivés à Bethléem, les Mages «en entrant dans la maison, virent
l’enfant avec Marie sa mère; et, tombant à genoux, ils se
prosternèrent devant lui» (Mt 2, 11). Voici enfin le moment tant
attendu: la rencontre avec Jésus. «Entrant dans la maison»: cette
maison représente d’une certaine façon l’Église. Pour rencontrer le
Sauveur, il faut entrer dans la maison qui est l’Église. Durant le
temps du séminaire, dans la conscience du jeune séminariste, se
produit une maturation particulièrement significative: il ne voit
plus l’Église «de l’extérieur», mais il la ressent, pour ainsi dire
«de l’intérieur», comme sa «maison», parce que c’est la maison du
Christ, où habite «Marie sa mère». Et c’est justement la Mère qui
lui montre Jésus, son fils, qui le lui présente, qui, en un sens, le
lui fait voir, toucher, prendre dans ses bras. Marie lui enseigne à
le contempler avec les yeux du cœur et à vivre de lui. À tout moment
de la vie de séminaire, on peut faire l’expérience de cette présence
aimante de la Vierge, qui introduit chacun à la rencontre du Christ,
dans le silence de la méditation, dans la prière et dans la vie
fraternelle. Marie aide à rencontrer le Seigneur surtout dans la
Célébration eucharistique, quand, dans la Parole et dans le Pain
consacré, Il se fait notre nourriture spirituelle quotidienne.
[En espagnol]
«Et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils lui
offrirent leurs présents: de l’or, de l’encens et de la myrrhe» (Mt
2, 11). Tel est le sommet de tout l’itinéraire: la rencontre se fait
adoration, s’épanouit en un acte de foi et d’amour qui reconnaît en
Jésus, né de Marie, le Fils de Dieu fait homme. Comment ne pas voir
préfiguré dans le geste des Mages la foi de Simon Pierre et des
autres Apôtres, la foi de Paul et de tous les saints, en particulier
des saints séminaristes et prêtres qui ont marqué les deux mille ans
d’histoire de l’Église? Le secret de la sainteté est l’amitié avec
le Christ et l’adhésion fidèle à sa volonté. «Le Christ est tout
pour nous», disait saint Ambroise; et saint Benoît exhortait à ne
rien préférer à l’amour du Christ. Que le Christ soit tout pour
vous! À lui, surtout vous, chers séminaristes, offrez ce que vous
avez de plus précieux, comme le suggérait le vénéré Jean-Paul II
dans son Message pour cette journée mondiale: l’or de votre liberté,
l’encens de votre prière ardente, la myrrhe de votre affection la
plus profonde (cf. n. 4).
[En allemand]
Le séminaire est un temps de préparation à la mission. Les Mages
«regagnèrent leur pays» et certainement rendirent témoignage de leur
rencontre avec le Roi des Juifs. Vous aussi, après le long et
nécessaire itinéraire de formation du séminaire, vous serez envoyés
pour être les ministres du Christ; chacun de vous ira au milieu des
gens comme alter Christus. Dans le voyage de retour, les Mages
durent assurément affronter des périls, des fatigues, des désarrois,
des doutes... Il n’y avait plus l’étoile pour les guider! Désormais
la lumière était en eux. C’est à eux qu’il revenait désormais de la
garder et de la nourrir dans la constante mémoire du Christ, de son
saint Visage, de son Amour ineffable. Chers séminaristes! Si Dieu le
veut, un jour vous aussi, consacrés par l’Esprit Saint, vous
commencerez votre mission. Souvenez-vous toujours des paroles de
Jésus: «Demeurez dans mon amour» (Jn 15, 9). Si vous demeurez dans
le Christ, vous porterez beaucoup de fruit. Ce n’est pas vous qui
l’avez choisi, mais lui qui vous a choisis (cf. Jn 15, 16). Voilà le
secret de votre vocation et de votre mission! Il est conservé dans
le cœur immaculé de Marie, qui veille avec un amour maternel sur
chacun de vous. Ayez souvent recours à elle avec confiance. Je vous
assure de mon affection et de ma prière quotidienne, et de tout cœur
je vous bénis.
[Traduction de l’original plurilingue distribué par la salle de
presse du Saint-Siège]
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