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20 août 2005
Spécial JMJ 2005
Veillée : Le pape explique aux jeunes quelle est « la
véritable révolution »
Benoît XVI : Le terrorisme ne doit pas « envenimer »
les relations entre chrétiens et musulmans
La JMJ, pas du tourisme, c’est un pèlerinage
Synagogue de Cologne : Le rouleau de la Torah sauvé des
flammes par un prêtre catholique
« Comme j’étais stupide de ne pas croire en Dieu ! »
Le pape ému par le message des jeunes de Bagdad
- Documents -
Homélie du pape lors de la veillée avec les jeunes à
Marienfeld
Discours de Benoît XVI à des représentants musulmans
REVUE DE PRESSE
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Spécial JMJ 2005
Veillée : Le pape explique
aux jeunes quelle est « la véritable révolution »
Celle qui vient de Dieu
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– Le pape Benoît XVI a expliqué aux quelque 800.000 jeunes
rassemblés pour la veillée de ces XXe JMJ, à Marienfeld près de
Cologne, quelle était « la véritable révolution » capable de
transformer le monde, la révolution qui vient de Dieu.
Accueilli par le même enthousiasme et les mêmes ovations que son
prédécesseur le pape Jean-Paul II, qui a créé ces Journées, Benoît
XVI a expliqué dans une homélie prononcée en cinq langues, que les «
vrais réformateurs » sont les saints.
« C'est seulement des saints, c'est seulement de Dieu que vient la
véritable révolution, le changement décisif du monde », a-t-il
déclaré.
Le pape a cité entre autres : « saint Benoît, saint François
d'Assise, sainte Thérèse d'Avila, saint Ignace de Loyola, saint
Charles Borromée, les fondateurs des Ordres religieux du
dix-neuvième siècle, qui ont animé et orienté le mouvement social,
ou les saints de notre temps – Maximilien Kolbe, Édith Stein, Mère
Teresa, Padre Pio ».
Dans son homélie, interrompue, surtout dans la deuxième partie, par
de nombreux applaudissements, le pape a expliqué qu’au cours du
siècle qui vient de s’écouler, « nous avons vécu les révolutions
dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu,
mais de prendre totalement dans ses mains la cause du monde, pour en
transformer la condition ».
« Et nous avons vu que, ce faisant, un point de vue humain et
partial était toujours pris comme la mesure absolue des
orientations. L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais
relatif s'appelle totalitarisme », a-t-il expliqué depuis le podium
surmonté d’une nuée rappelant la nuée de Dieu de l’Ancien Testament,
placé sur une colline artificielle construite pour l’occasion.
« Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais seulement
le fait de se tourner vers le Dieu vivant, qui est notre créateur,
le garant de notre liberté, le garant de ce qui est véritablement
bon et vrai », a poursuivi le pape.
« La révolution véritable consiste uniquement dans le fait de se
tourner vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est,
en même temps, l'amour éternel. Qu'est-ce qui pourrait bien nous
sauver sinon l'amour ? » s’est interrogé Benoît XVI.
« On peut beaucoup critiquer l'Église, a-t-il ajouté. Nous le
savons, et le Seigneur lui-même nous l'a dit: elle est un filet avec
de bons et de mauvais poissons, un champ avec le bon grain et
l'ivraie ».
« Le pape Jean-Paul II, qui, dans les nombreux saints qu'il a
proclamés, nous a montré le vrai visage de l'Église, a aussi demandé
pardon pour ce que, dans le cours de l'histoire, en raison de
l'action et de la parole d'hommes d'Église, s'est produit de mal »,
a-t-il rappelé
« En définitive, que l’ivraie existe dans l'Église est consolant.
Ainsi, avec tous nos défauts, nous pouvons néanmoins espérer nous
trouver encore à la suite de Jésus, qui a précisément appelé les
pécheurs », a poursuivi le pape.
« L'Église est comme une famille humaine, mais elle est aussi, en
même temps, la grande famille de Dieu, par laquelle Il forme un
espace de communion et d'unité dans tous les continents, dans toutes
les cultures et dans toutes les nations » a-t-il souligné.
« Nous faisons précisément l'expérience, ici, à Cologne, du fait
qu'il est beau d'appartenir à une famille vaste comme le monde, qui
comprend le ciel et la terre, le passé, le présent et l'avenir, et
toutes les parties de la terre », a-t-il conclu.
En cette année de l’Eucharistie, proclamée par Jean-Paul II (octobre
2004-octobre 2005), Benoît XVI a voulu que Jésus Eucharistie soit au
centre de sa rencontre avec les jeunes. Un temps d’adoration du
Saint Sacrement a donc été prévu pendant la veillée.
Au cours de la veillée, la chorale a interprété de nombreux chants
composés par la Communauté œcuménique de Taizé, dont le fondateur,
frère Roger Schütz a été assassiné, à Taizé, par une personne
déséquilibrée, au début des JMJ.
Au cours de la veillée, une jeune Allemande et un jeune de Terre
Sainte ont également présenté « la lumière de Bethléem » allumée
dans la ville de Bethléem à Noël 2004, au cours de la veillée. Sur
le flanc de la colline, au pied du podium, 12.000 bougies avaient
été allumées.
Le prochain rendez-vous avec Benoît XVI sera la célébration
eucharistique de clôture des JMJ qui aura lieu demain dimanche. Les
organisateurs attendent un million de personnes pour cette messe
présidée par le pape.
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Benoît XVI : Le terrorisme
ne doit pas « envenimer » les relations entre chrétiens et musulmans
Le pape rencontre des représentants de communautés islamiques en
Allemagne
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– Alors qu’il rencontrait ce samedi des représentants de communautés
musulmanes d’Allemagne, Benoît XVI a demandé un engagement commun
afin que le terrorisme n’envenime pas les relations entre chrétiens
et musulmans.
Le pape a rencontré les représentants musulmans à l’archevêché de
Cologne. Après avoir entendu le salut cordial de Ridvan Cakir,
président de l’Union turque islamique, Benoît XVI a lui-même
prononcé un discours.
Les terroristes, a expliqué l’évêque de Rome, « démontrent leur
désir de vouloir envenimer nos relations, se servant de tous les
moyens, même de la religion, pour s’opposer à tous les efforts de
convivialité pacifique, loyale et sereine ».
Selon Benoît XVI, « Le terrorisme, quelle qu’en soit l’origine, est
un choix pervers et cruel, qui bafoue le droit sacro-saint à la vie
et qui sape les fondements mêmes de toute convivialité sociale ».
« Si nous réussissons ensemble à extirper de nos cœurs le sentiment
de rancœur, à nous opposer à toute forme d’intolérance et à toute
manifestation de violence, nous freinerons la vague du fanatisme
cruel qui met en danger la vie de nombreuses personnes, faisant
obstacle à la progression de la paix dans le monde », a-t-il
poursuivi.
« La tâche est ardue, mais elle n’est pas impossible. Le croyant
sait en effet qu’il peut compter, malgré sa fragilité, sur la force
spirituelle de la prière » a affirmé le pape.
Dans son salut, Ridvan Cakir a déclaré que « le but des religions
d’Abraham est la coexistence des personnes dans la réconciliation et
l’amitié ».
« Le rappel des inimitiés et des guerres remplit aujourd’hui
l’humanité tout entière de douleur. Pour ne plus revivre cette
souffrance, nous qui appartenons aux religions d’Abraham, en
particulier les chrétiens et les musulmans, devons remplir des
obligations importantes », a-t-il ajouté.
« Toutes les religions et leurs fidèles ont des sensibilités
différentes. Nous devons les respecter. Nous sommes convaincus que
le dialogue interreligieux et interculturel est d’une importance
extraordinaire pour un monde pacifique », a-t-il souligné.
Selon certaines sources, 3,3 millions de musulmans et 2,5 millions
de Turcs vivent actuellement en Allemagne.
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La JMJ, pas du tourisme,
c’est un pèlerinage
Jusqu’à l’offrande de soi
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– C’est vraiment « un pèlerinage » et pas du « tourisme » que nous
sommes venus faire à Cologne, a souligné dans une homélie un évêque
auxiliaire de Seattle, aux Etats Unis, lors d’une messe de 7 h 30
célébrée comme chaque matin à l’église des Saints Apôtres, dans le
cœur de Cologne, la paroisse confiée à l’animation de la famille
spirituelle de la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, 24 heures
sur 24 pendant la JMJ. Un pèlerinage fondé sur l’offrande de soi
d’un seul coup ou à petit feu.
Les jeunes et leurs accompagnateurs, dont l’évêque, ont en effet
vécu différentes péripéties pendant leur voyage surtout dans sa
partie allemande, depuis la Bavière jusqu’à Cologne, comme ce train
qui n’est jamais arrivé…
Mille anecdotes racontées par les pèlerins manifestent que cette
joie qui éclate est construite sur le roc de milliers de sacrifices
petits et grands, pendant la JMJ et en amont, bien avant.
Comment ne pas penser à l’offrande de lui-même faite par l’inventeur
des JMJ, Jean-Paul II, qui, au moment de passer de ce monde à
l’autre a remercié les jeunes d’être venus : ils se faisaient
entendre, à son chevet, place Saint-Pierre.
Comment ne pas évoquer la tragique disparition de Frère Roger : les
antiennes de Taizé entonnées fréquemment lors des différentes
rencontres avec le pape le rendent présent tout au long de ces JMJ.
Mercredi à 14 heures, au lendemain de sa disparition, le cardinal
Joachim Meisner s’est rendu à l’église Sainte-Agnès où se trouve la
communauté de Taizé de Cologne pour y présider une célébration.
Jeudi à 19 h 30, quatre célébrations œcuméniques ont eu lieu, deux à
Cologne, une à Bonn et une à Düsseldorf, en mémoire de frère Roger,
dans une église catholique, deux évangéliques et une orthodoxe : un
hommage fort à la veille de la rencontre de Benoît XVI et des
délégués d’autres Eglises et communautés ecclésiales.
Le secrétaire général de la JMJ, Heiner Koch, a par ailleurs
souligné en rencontrant les journalistes, jeudi que le pape Benoît
XVI a exprimé le désir de pouvoir commémorer la figure de Frère
Roger au cours de son séjour à Cologne. Ses obsèques seront
célébrées le mardi 23 août à 14h.
Comment ne pas penser au sacrifice de la vie de Marie sur la route
de Cologne, et de ce que cela a signifié pour les siens (cf.
Zenit, 17 août).
Comment ne pas penser au crash de l’avion des 152 Martiniquais, au
Venezuela ?
Mais à côté de ces événements tragiques, la JMJ est aussi pavée de
tous ces petits sacrifices quotidiens dont sainte Thérèse de
l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face a manifesté la grandeur et la
fécondité.
Par exemple, les jeunes qui devaient être logés dans un espace
offert par un grand fabriquant de meubles suédois ont eu un moment
d’étonnement lorsqu’ils se sont rendu compte que leur lit, à leur
arrivée, ils devaient le « monter ». Surmontant leur fatigue, ils se
sont finalement fait un jeu de cette surprise désagréable au premier
abord.
Lundi, vers midi, 35 jeunes italiens se sont installés dans ce
sous-sol à Cologne-Godorf. Entre lundi et mardi, ce sont plus de 300
jeunes d’Italie, des Etats-Unis, du Canada, et d’Allemagne qui ont
occupé ces 3600 mètres carrés. Et tout a commencé par l’assemblage
et la mise en place des lits, matelas, couvertures, draps.
Les Italiennes, futées, ont pris les choses du bon côté, trouvant
l’exercice « amusant et pas si
difficile », comme Sara, 17 ans, une des premières arrivées. Pour
que les lits aient vraiment la
stabilité prévue par le constructeur, les jeunes sont aidés de 16
jeunes volontaires plus aguerris au maniement des clefs à écrous. «
Pour qui a trouvé le « truc », les lits ne sont pas un problème a
confié à des journalistes la responsable, Kristen Michelfelder: il
se monte en 20 minutes. Il y a des compensations après l’effort :
pour les accompagner dans leur
pèlerinage, la firme invite les jeunes chaque matin à un petit
déjeuner suédois dans le magasin ».
C’est aussi sur ces gestes de générosité petits et grands que la JMJ
est construite.
Enfin, on ne peut pas ne pas évoquer la générosité des quelque 30
000 volontaires qui ont offert une partie de leurs vacances et plus
pour se dévouer, avec le sourire, à tous les participants de la JMJ.
Les lecteurs de Zenit en sont aussi les bénéficiaires : on
pense à ceux qui sont au service de la communication, qui aident les
envoyés spéciaux du monde au quotidien dans leur travail. A tous,
pour leur abnégation : « Danke ! »
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Synagogue de Cologne : Le
rouleau de la Torah sauvé des flammes par un prêtre catholique
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– La communauté juive de Cologne était la plus grande des villes
allemandes avant la seconde guerre mondiale: quelque 20 000 membres.
Après la Shoah, pas plus d’une quarantaine de survivants ont
reconstruit courageusement sur les cendres : elle compte
actuellement quelque cinq mille membres.
Elle a eu une croissance décisive avec l’arrivée récente de membres
des communautés juives de l’ancien bloc soviétique. Beaucoup d’entre
eux chantaient dans le chœur qui a accompagné la visite de Benoît
XVI. Comme le pape le rappelait, la communauté remonte à l’arrivée
des premiers Romains. Elle s’est reconstruite en particulier avec
l’aide du chancelier catholique Konrad Adenauer.
Et chaque jour cette communauté fait mémoire avec gratitude d’un
prêtre catholique qui a sauvé des flammes un rouleau de la Torah, au
péril de sa vie, la nuit de la Kristalnacht. Un journaliste italien
(cf. www.avvenire.it) a
recueilli ce témoignage transmis oralement dans la communauté.
C’était en cette nuit du 9 novembre 1938, la tragique Kristalnacht,
qui a vu déferler dans les rues de la ville les escadrons des SA et
SS qui mirent à feu et à sang les lieux de cultes et les maisons des
familles juives. Lors de l’ouverture du carnaval, deux jours plus
tard, l’odeur de brûlé avait envahi la ville.
Le Père Meinertz est entré en cachette et au péril de sa vie dans la
synagogue en flammes pour sauver la Torah. Pourtant rien jusqu’ici
n’avait été écrit sur lui.
Benzion Wieber avait alors quatre ans, il ne pourrait se souvenir si
un témoin oculaire de lui avait raconté le geste du prêtre
catholique. Il s’agit d’un rouleau de papyrus que le prêtre réussit
à extraire de la synagogue déjà en flammes.
« Ce fut un acte d’un grand courage, commente Wieber. Des rouleaux
de petites et de grandes dimensions étaient conservés dans la
synagogue. Celui-ci était encombrant et pesant. Meinerz n’aurait pas
dû pouvoir le porter. Les meubles et la structure de la synagogue
s’écroulaient déjà sous les flammes. Mais c’est en portant ce
rouleau qui aurait pu lui coûter la vie
s’il avait rencontré les escouades hitlériennes qu’il revint chez
lui où il le cacha. Il pouvait entendre le fracas des vitrines des
boutiques marquées de l’étoile de David que les commandos faisaient
voler en éclats. Plus de 30 000 juifs de tout le territoire du Reich
furent déportés.
Wieber estime que pour faire ce geste le prêtre catholique devait
déjà bien connaître la synagogue pour aller ainsi tout droit au lieu
où étaient conservés les rouleaux des Ecritures saintes, la Torah
correspondant aux cinq livres de la Bible formant le pentateuque.
Les archives du diocèse en disent un peu plus sur le P. Meinertz.
Selon Ernst Simons, membre influent de la communauté dans les années
Trente, « dans la nuit du pogrom entre le 9 et le 10 novembre, je me
trouvais en Hollande. Mon père, le rabbin Julius Simons, avait été
arrêté après la destruction de la synagogue de Köln Deutz et déporté
à Dachau. Ma mère me téléphona et me parla de ce geste étonnant d’un
prêtre catholique. Elle me raconta en larmes que ce prêtre avait
arraché aux flammes de la synagogue de la Glockengasse, un rouleau
de la Torah. A mon retour, j’ai appris de la bouche de la nouvelle
communauté juive d’alors que le prélat se nommait Gustav Meinertz ».
Le P. Gustav était né à Berlin en 1873 et il avait été ordonné
prêtre en la cathédrale de Cologne à 24 ans. En 1935, il avait été
nommé secrétaire général de l’association allemande pour la Terre
Sainte par le cardinal archevêque Joseph Frings : il exercera cette
charge jusqu’à sa mort le 11 septembre 1959.
Il tint la Torah cachée dans sa propre chambre, avec les risques
attenant, jusqu’à la capitulation du IIIe Reich. Puis, à la
libération, il la restitua à la communauté juive.
Simons conclut : « Le prélat Meinertz a obtenu dès 1949 de pouvoir
se rendre librement dans l’Etat d’Israël, et sa mémoire est honorée
chaque jour par la communauté juive ».
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« Comme j’étais stupide de
ne pas croire en Dieu ! »
Témoignage d’un jeune séminariste du Kazakhstan en présence de
Benoît XVI
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– « Les paroles de ma grand-mère ont été décisives » : c’est en ces
termes qu’un jeune prêtre du Kazakhstan, le père Alexandre Fix,
d’origine allemande, mais né au Kazakhstan a témoigné de sa
vocation, devant les séminaristes du monde réunis à Saint-Pantaléon,
vendredi soir, autour du pape Benoît XVI.
La communauté chrétienne du Kazakhstan est un petit troupeau dans ce
pays à majorité musulmane, et les catholiques ont bénéficié de
l’hospitalité des orthodoxes dans des périodes sombres. Au lendemain
des attentats du 11 septembre 2001, on avait pensé dissuader
Jean-Paul II d’effectuer le voyage prévu dans ce pays, mais il avait
refusé. Il y avait évoqué les difficultés des croyants et nommé
certains prêtres catholiques polonais qui avaient été envoyés au
goulag au Kazakhstan par le régime soviétique. Il y avait été un
messager et un artisan de paix et de dialogue entre les religions.
C’est justement en situation de persécution, vécue en particulier
pendant son service militaire obligatoire dans l’Armée Rouge que le
père Fix songea à quitter l’armée, ce qui supposait pour un simple
soldat de subir la violence des officiers, expliquait-il.
Mais il rendit visite à ses grands-parents, et sa grand-mère lui dit
en entendant parler de ses difficultés: « Mon enfant, tu dois prier
et le Bon Dieu va t’aider ».
« Ces simples mots de ma grand-mère, prononcés dans cette situation,
furent un coup de la grâce pour moi. J’ai écrit les prières du «
Notre Père » et du « Je vous salue Marie », et j’ai commencé à
prier. Lorsque j’étais de garde la nuit, je priais et je sentais la
présence de Dieu de façon si sensible que je me disais à moi-même :
« Comme j’étais stupide de ne pas croire en Dieu ! ». J’ai achevé
mon service militaire et je suis revenu sain et sauf à la maison.
Pas à pas j’ai approfondi ma foi. Je priais le rosaire et je lisais
la Sainte Ecriture. Après deux ans, j’ai entendu l’appel au
sacerdoce ».
C’est à Astana, la capitale du pays qu’il a été ordonné prêtre en
2001 et son évêque Mgr Thomas Peta, lui a confié l’accompagnement
des jeunes du Kazakhstan à la JMJ. Il concluait en demandant au pape
de prier pour son pays et de les bénir.
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Le pape ému par le message
des jeunes de Bagdad
A l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse de Cologne
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– Plus de mille jeunes catholiques de Bagdad, appartenant à
différents rites, ainsi que quelques orthodoxes, réunis dans la
cathédrale latine de la ville, ont célébré hier vendredi leur « JMJ
», en union avec le pape et les centaines de milliers de jeunes
rassemblés à Cologne.
Les jeunes Irakiens ont envoyé un message au pape par
l’intermédiaire du nonce apostolique en Irak, l’archevêque Fernando
Filoni, un message que Benoît XVI « a accueilli avec joie et émotion
», selon la salle de presse du Saint-Siège.
« Nous aussi, jeunes chrétiens de Bagdad, avons voulu, après une
préparation appropriée, en esprit d’union fraternelle avec Votre
Sainteté et les milliers de jeunes à Cologne, célébrer dans la
prière, la réflexion et la fête joyeuse, l’actuelle Journée mondiale
de la Jeunesse », affirme le message.
« Nous nous sommes nous aussi rassemblés pour connaître le Seigneur
et nous demander ce qu’il attend de nous en ce moment si difficile
pour notre pays et pour nous. L’exhortation de Jésus nous accompagne
: ‘Courage, n’ayez pas peur’, que Votre Sainteté a récemment
reproposée au début de son pontificat », poursuit-il.
« Tout en souhaitant transmettre notre salut affectueux aux jeunes à
Cologne, nous demandons à Votre Sainteté la bénédiction apostolique
et nous accompagnons spirituellement les célébrations dans cette
ville », conclut le message des jeunes Irakiens.
Des rassemblements de jeunes ont eu lieu dans d’autres villes
irakiennes, comme à Mossoul où 400 jeunes ont fêté leur JMJ.
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Homélie du pape lors de la
veillée avec les jeunes à Marienfeld
COLOGNE, Samedi 20 août 2005 (ZENIT.org)
– Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a
adressé aux jeunes lors de la veillée, ce samedi soir.
* * *
[En allemand]
Chers jeunes !
Dans notre pèlerinage avec les mystérieux Mages d’Orient, nous
sommes arrivés au moment que saint Mathieu, dans son Évangile,
décrit ainsi: «En entrant dans la maison (sur laquelle l’étoile
s’était arrêtée), ils virent l’enfant avec Marie sa mère; et,
tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui» (Mt 2, 11). Le
cheminement extérieur de ces hommes était achevé. Ils étaient
parvenus à leur but. Mais, à ce point, commence pour eux un nouveau
cheminement, un pèlerinage intérieur qui change toute leur vie,
parce qu’ils avaient sûrement imaginé ce Roi nouveau-né d’une
manière différente. Ils s’étaient précisément arrêtés à Jérusalem
pour recueillir auprès du Roi local des informations sur le Roi
promis qui venait de naître. Ils savaient que le monde était
désordonné, et c’est pourquoi leur cœur était inquiet. Ils étaient
certains que Dieu existait et qu’il était un Dieu juste et
bienveillant. Et peut-être avaient-ils entendu parler des grandes
prophéties dans lesquelles les prophètes d’Israël annonçaient un Roi
qui serait en harmonie intime avec Dieu et qui, en son nom et pour
son compte, rétablirait l’ordre dans le monde. Pour chercher ce Roi,
ils s’étaient mis en route: au plus profond d’eux-mêmes, ils étaient
à la recherche du droit, de la justice qui devait venir de Dieu, et
ils voulaient servir ce Roi, se prosterner à ses pieds et ainsi
contribuer eux-mêmes au renouveau du monde. Ils appartenaient à
cette sorte de gens «qui ont faim et soif de la justice» (Mt 5, 6).
Une telle faim et une telle soif les avaient accompagnés dans leur
pèlerinage – ils s’étaient fait pèlerins à la recherche de la
justice qu’ils attendaient de Dieu, pour pouvoir se mettre à son
service.
Même si les autres personnes, celles qui étaient restées chez elles,
les considéraient peut-être comme des utopistes et des rêveurs – ils
étaient au contraire des personnes qui avaient les pieds sur terre
et qui savaient que, pour changer le monde, il faut disposer du
pouvoir. C’est pourquoi ils ne pouvaient chercher l’enfant de la
promesse ailleurs que dans le palais du Roi. Maintenant, ils se
prosternent cependant devant un enfant de pauvres gens, et ils en
viennent rapidement à savoir que, fort de son pouvoir, Hérode – le
Roi auprès duquel ils s’étaient rendus – avait l’intention de le
poursuivre, en sorte qu’il ne resterait plus à la famille que la
fuite et l’exil. Le nouveau Roi, devant lequel ils s’étaient
prosternés, était très différent de ce qu’ils attendaient. Ainsi,
ils devaient apprendre que Dieu est différent de la façon dont
habituellement nous l’imaginons. C’est ici que commença leur
cheminement intérieur. Il commença au moment même où ils se
prosternèrent devant l’enfant et où ils le reconnurent comme le Roi
promis. Mais la joie qu'ils manifestaient par leurs gestes devait
s'intérioriser.
[En anglais]
Ils devaient changer leur idée sur le pouvoir, sur Dieu et sur
l’homme, et, ce faisant, ils devaient aussi se changer eux-mêmes.
Maintenant, ils le constataient: le pouvoir de Dieu est différent du
pouvoir des puissants de ce monde. Le mode d’agir de Dieu est
différent de ce que nous imaginons et de ce que nous voudrions lui
imposer à lui aussi. Dans ce monde, Dieu n’entre pas en concurrence
avec les formes terrestres du pouvoir. Il n’a pas de divisions à
opposer à d’autres divisions. Dieu n’a pas envoyé à Jésus, au Jardin
des Oliviers, douze légions d’anges pour l’aider (cf. Mt 26, 53). Au
pouvoir tapageur et pompeux de ce monde, Il oppose le pouvoir sans
défense de l’amour qui, sur la Croix – et ensuite continuellement au
cours de l’histoire – succombe et qui cependant constitue la réalité
nouvelle, divine, qui s’oppose ensuite à l’injustice et instaure le
Règne de Dieu. Dieu est différent – c’est cela qu’ils reconnaissent
maintenant. Et cela signifie que, désormais, eux-mêmes doivent
devenir différents, ils doivent apprendre le style de Dieu.
Ils étaient venus pour se mettre au service de ce Roi, pour
conformer leur royauté à la sienne. Telle était la signification de
leur geste de déférence, de leur adoration. Leurs présents – or,
encens et myrrhe –, dons qui s’offraient à un Roi considéré comme
divin, en faisaient aussi partie. L’adoration a un contenu et
comporte aussi un don. Voulant par leur geste d’adoration
reconnaître cet enfant comme leur Roi, au service duquel ils
entendaient mettre leur pouvoir et leurs capacités, les hommes
provenant d’Orient suivaient assurément les traces justes. En le
servant et en le suivant, ils voulaient, avec Lui, servir la cause
de la justice et du bien dans le monde. Et en cela, ils avaient
raison. Maintenant, ils apprennent cependant que cela ne peut se
réaliser simplement en donnant des ordres et du haut d'un trône.
Maintenant, ils apprennent qu'ils doivent se donner eux-mêmes – un
don moindre que celui-là ne suffit pas pour ce Roi. Maintenant, ils
apprennent que leur vie doit se conformer à cette façon divine
d'exercer le pouvoir, à cette façon d'être de Dieu lui-même. Ils
doivent devenir des hommes de la vérité, du droit, de la bonté du
pardon, de la miséricorde. Ils ne poseront plus la question: à quoi
cela me sert-il ? Ils devront au contraire poser la question: avec
quoi est-ce que je sers la présence de Dieu dans le monde ? Ils
doivent apprendre à se perdre eux-mêmes et ainsi à se trouver
eux-mêmes. Quittant Jérusalem, ils doivent demeurer sur les traces
du vrai Roi, à la suite de Jésus.
[En français]
Chers amis, nous nous demandons ce que tout cela signifie pour nous.
Car ce que nous venons de dire sur la nature différente de Dieu, qui
doit orienter notre vie, sonne bien, mais reste plutôt indéfini et
vague. C'est pourquoi Dieu nous a donné des exemples. Les Mages
venant d'Orient sont seulement les premiers d'un long cortège
d'hommes et de femmes qui, dans leur vie, ont constamment cherché du
regard l'étoile de Dieu, qui ont cherché le Dieu qui est proche de
nous, les êtres humains, et qui nous indique la route. C'est le
grand cortège des saints – connus ou inconnus –, par lesquels le
Seigneur, tout au long de l'histoire, a ouvert devant nous
l'Évangile et en a fait défiler les pages; c'est la même chose qu'il
est en train de faire maintenant. Dans leur vie, comme dans un grand
livre illustré, se dévoile la richesse de l'Évangile. Ils sont le
sillon lumineux de Dieu, que Lui-même, au long de l'histoire, a
tracé et trace encore. Mon vénéré Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II,
a béatifié et canonisé une grande foule de personnes, de périodes
lointaines et récentes. Par ces figures, il a voulu nous montrer
comment il faut faire pour être chrétien; comment il faut faire pour
mener sa vie de manière juste – pour vivre selon le mode de Dieu.
Les bienheureux et les saints ont été des personnes qui n'ont pas
cherché obstinément leur propre bonheur, mais qui ont simplement
voulu se donner, parce qu'ils ont été touchés par la lumière du
Christ. Ils nous montrent ainsi la route pour devenir heureux, ils
nous montrent comment on réussit à être des personnes vraiment
humaines. Dans les vicissitudes de l'histoire, ce sont eux qui ont
été les véritables réformateurs qui, bien souvent, ont fait sortir
l'histoire des vallées obscures dans lesquelles elle court toujours
le risque de s'enfoncer à nouveau; ils l'ont illuminée chaque fois
que cela était nécessaire, pour donner la possibilité d'accepter –
parfois dans la douleur – la parole prononcée par Dieu au terme de
l'œuvre de la création: «Cela est bon». Il suffit de penser à des
figures comme saint Benoît, saint François d'Assise, sainte Thérèse
d'Avila, saint Ignace de Loyola, saint Charles Borromée, aux
fondateurs des Ordres religieux du dix-neuvième siècle, qui ont
animé et orienté le mouvement social, ou aux saints de notre temps –
Maximilien Kolbe, Édith Stein, Mère Teresa, Padre Pio. En
contemplant ces figures, nous apprenons ce que signifie «adorer», et
ce que veut dire vivre selon la mesure de l'Enfant de Bethléem,
selon la mesure de Jésus Christ et de Dieu lui-même.
[En espagnol]
Les saints, avons-nous dit, sont les vrais réformateurs. Je voudrais
maintenant l'exprimer de manière plus radicale encore: c'est
seulement des saints, c'est seulement de Dieu que vient la véritable
révolution, le changement décisif du monde. Au cours du siècle qui
vient de s'écouler, nous avons vécu les révolutions dont le
programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de
prendre totalement dans ses mains la cause du monde, pour en
transformer la condition. Et nous avons vu que, ce faisant, un point
de vue humain et partial était toujours pris comme la mesure absolue
des orientations. L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais
relatif s'appelle totalitarisme. Cela ne libère pas l'homme, mais
lui ôte sa dignité et le rend esclave. Ce ne sont pas les idéologies
qui sauvent le monde, mais seulement le fait de se tourner vers le
Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté, le
garant de ce qui est véritablement bon et vrai. La révolution
véritable consiste uniquement dans le fait de se tourner vers Dieu,
qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps,
l'amour éternel. Qu'est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon
l'amour ?
Chers amis, permettez-moi d'ajouter seulement deux brèves pensées.
Ceux qui parlent de Dieu sont nombreux; au nom de Dieu on prêche
aussi la haine et on exerce la violence. Il est donc important de
découvrir le vrai visage de Dieu. Les Mages d'Orient l'ont trouvé
quand ils se sont prosternés devant l'enfant de Bethléem. «Celui qui
m’a vu a vu le Père», disait Jésus à Philippe (Jn 14, 9). En Jésus
Christ, qui, pour nous, a permis que son cœur soit transpercé, en
Lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Nous le suivrons avec la
grande foule de ceux qui nous ont précédés. Alors, nous cheminerons
sur le juste chemin.
[En italien]
Cela veut dire que nous ne nous construisons pas un Dieu privé, un
Jésus privé, mais que nous croyons en Jésus et que nous nous
prosternons devant Lui, devant ce Jésus qui nous est révélé par les
Saintes Écritures et qui, dans la grande foule des fidèles appelée
Église, se révèle vivant, toujours avec nous, en même temps toujours
devant nous. On peut beaucoup critiquer l'Église. Nous le savons, et
le Seigneur lui-même nous l'a dit: elle est un filet avec de bons et
de mauvais poissons, un champ avec le bon grain et l'ivraie. Le Pape
Jean-Paul II, qui, dans les nombreux saints qu'il a proclamés, nous
a montré le vrai visage de l'Église, a aussi demandé pardon pour ce
que, dans le cours de l'histoire, en raison de l'action et de la
parole d'hommes d'Église, s'est produit de mal. De cette manière, il
nous a aussi fait voir notre vraie image et il nous a exhortés à
entrer avec tous nos défauts et toutes nos faiblesses dans le
cortège des saints, qui a commencé avec les Mages d'Orient. En
définitive, que l’ivraie existe dans l'Église est consolant. Ainsi,
avec tous nos défauts, nous pouvons néanmoins espérer nous trouver
encore à la suite de Jésus, qui a précisément appelé les pécheurs.
L'Église est comme une famille humaine, mais elle est aussi, en même
temps, la grande famille de Dieu, par laquelle Il forme un espace de
communion et d'unité dans tous les continents, dans toutes les
cultures et dans toutes les nations. Nous sommes donc heureux
d'appartenir à cette grande famille; nous sommes heureux d'avoir des
frères et des amis dans le monde entier. Nous faisons précisément
l'expérience, ici, à Cologne, du fait qu'il est beau d'appartenir à
une famille vaste comme le monde, qui comprend le ciel et la terre,
le passé, le présent et l'avenir, et toutes les parties de la terre.
Dans ce grand rassemblement de pèlerins, nous marchons avec le
Christ, nous marchons avec l'étoile qui éclaire l'histoire.
[En alemand]
«En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère;
et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui» (Mt 2, 11).
Chers amis, il ne s'agit pas d'une histoire lointaine, survenue il y
a très longtemps. Il s'agit d'une présence. Ici, dans la sainte
hostie, Il est devant nous et au milieu de nous. Comme en ce
temps-là, il se voile mystérieusement dans un silence sacré et,
comme en ce temps-là, se dévoile précisément le vrai visage de Dieu.
Il s'est fait pour nous le grain de blé tombé en terre, qui meurt et
qui porte du fruit jusqu'à la fin du monde (cf. Jn 12, 24). Il est
présent comme en ce temps-là à Bethléem. Il nous invite au
pèlerinage intérieur qui s'appelle adoration. Mettons-nous
maintenant en route pour ce pèlerinage de l'esprit et demandons-lui
de nous guider. Amen.
[Traduction du texte multilingue distribué par la salle de presse
du Saint-Siège]
ZF05082007
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Discours de Benoît XVI à
des représentants musulmans
COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org)
– Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a
prononcé ce samedi après-midi au cours de sa rencontre avec des
représentants de différentes communautés musulmanes.
* * *
Chers amis musulmans,
C’est pour moi un motif de grande joie de vous accueillir et de vous
adresser mon salut cordial. Je suis ici pour rencontrer les jeunes
de toutes les parties de l’Europe et du monde. Les jeunes sont
l’avenir de l’humanité et l’espérance des nations. Mon bien-aimé
prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, disait un jour aux jeunes
musulmans réunis dans le stade de Casablanca, au Maroc: «Les jeunes
peuvent construire un avenir meilleur s’ils mettent d’abord leur foi
en Dieu et s’ils s’engagent à édifier ce monde nouveau selon le plan
de Dieu, avec sagesse et confiance» (n. 4: La Documentation
catholique 82 [1985], p 943). C’est dans cet esprit que je m’adresse
à vous, chers amis musulmans, pour partager avec vous mes espérances
et aussi pour vous faire part de mes préoccupations en ces jours
particulièrement difficiles de l’histoire de notre temps.
Je suis sûr d’interpréter aussi votre pensée en mettant en évidence,
parmi les préoccupations, celle qui naît du constat de l’expansion
du phénomène du terrorisme. Des actions terroristes continuent à se
produire dans diverses parties du monde, semant mort et destruction,
jetant beaucoup de nos frères et sœurs dans les larmes et le
désespoir. Ceux qui ont pensé et programmé ces attentats démontrent
leur désir de vouloir envenimer nos relations, se servant de tous
les moyens, même de la religion, pour s’opposer à tous les efforts
de convivialité pacifique, loyale et sereine. Le terrorisme, quelle
qu’en soit l’origine, est un choix pervers et cruel, qui bafoue le
droit sacro-saint à la vie et qui sape les fondements mêmes de toute
convivialité sociale. Si nous réussissons ensemble à extirper de nos
cœurs le sentiment de rancœur, à nous opposer à toute forme
d’intolérance et à toute manifestation de violence, nous freinerons
la vague du fanatisme cruel qui met en danger la vie de nombreuses
personnes, faisant obstacle à la progression de la paix dans le
monde. La tâche est ardue, mais elle n’est pas impossible. Le
croyant sait en effet qu’il peut compter, malgré sa fragilité, sur
la force spirituelle de la prière.
Chers amis, je suis profondément convaincu que nous devons
proclamer, sans céder aux pressions négatives du moment, les valeurs
de respect réciproque, de solidarité et de paix. La vie de tout être
humain est sacrée, que ce soit pour les chrétiens ou pour les
musulmans. Nous avons un grand champ d’action dans lequel nous nous
sentons unis pour le service des valeurs morales fondamentales. La
dignité de la personne et la défense des droits qui découlent de
cette dignité doivent être le but de tout projet social et de tout
effort mis en œuvre dans ce sens. Il s’agit d’un message rappelé
sans équivoque par la voix ténue mais claire de la conscience. Il
s’agit d’un message qu’il faut écouter et faire écouter: si l’écho
s’en éteignait dans les cœurs, le monde serait exposé aux ténèbres
d’une nouvelle barbarie. C’est uniquement sur la reconnaissance du
caractère central de la personne que l’on peut trouver un terrain
commun d’entente, dépassant les éventuelles oppositions culturelles
et neutralisant la force explosive des idéologies.
Dans la rencontre que j’ai eue au mois d’avril avec les Délégués des
Églises et Communautés ecclésiales, et avec les représentants des
diverses Traditions religieuses, j’ai déclaré: «Je vous assure que
l’Église souhaite continuer d’établir des ponts d’amitié avec les
membres de toutes les religions, dans la recherche du bien véritable
de toute personne et de la société dans son ensemble» (La
Documentation catholique, 102 [2005], p. 550). L’expérience du passé
nous enseigne que le respect mutuel et la compréhension n’ont pas
toujours marqué les relations entre chrétiens et musulmans. Combien
de pages de l’histoire évoquent les batailles et aussi les guerres
qui se sont produites, en invoquant, de part et d’autre, le nom de
Dieu, en laissant presque penser que combattre l’ennemi et tuer
l’adversaire pouvaient lui être agréables. Le souvenir de ces
tristes événements devrait nous remplir de honte, connaissant bien
les atrocités qui ont été commises au nom de la religion. Les leçons
du passé doivent nous servir à éviter de répéter les mêmes erreurs.
Nous voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre
à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre. En ce sens, la
défense de la liberté religieuse est un impératif constant, et le
respect des minorités est un signe indiscutable d’une véritable
civilisation.
À ce propos, il est toujours opportun de se rappeler ce que les
Pères du Concile Vatican II ont dit concernant les relations avec
les musulmans: «L’Église regarde aussi avec estime les musulmans,
qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux
hommes, et aux décrets duquel, même s’ils sont cachés, ils
s’efforcent de se soumettre de toute leur âme, comme s’est soumis à
Dieu Abraham, à qui la foi islamique se réfère volontiers [...].
Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et
inimitiés sont nées entre chrétiens et musulmans, le saint Concile
les exhorte tous à oublier le passé, à pratiquer sincèrement la
compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir
ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les biens de la
morale, la paix et la liberté» (Déclaration Nostra ætate, n. 3).
Chers amis, vous représentez certaines Communautés musulmanes qui
existent dans le pays dans lequel je suis né, dans lequel j’ai
étudié et vécu une bonne partie de ma vie. C’est précisément pour
cela que j’avais le désir de vous rencontrer. Vous guidez les
croyants de l’Islam et vous les éduquez dans la foi musulmane.
L’enseignement est le moyen par lequel se communiquent idées et
convictions. La parole est la voie royale de l’éducation des
esprits. Vous avez donc une grande responsabilité dans la formation
des nouvelles générations. Ensemble, chrétiens et musulmans, nous
devons faire face aux nombreux défis qui se posent en notre temps.
Il n’y a pas de place pour l’apathie, ni pour le désengagement, et
encore moins pour la partialité et le sectarisme. Nous ne pouvons
pas céder à la peur, ni au pessimisme. Nous devons plutôt cultiver
l’optimisme et l’espérance. Le dialogue interreligieux et
interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à
un choix passager. C’est en effet une nécessité vitale, dont dépend
en grande partie notre avenir. Les jeunes, provenant de nombreuses
parties du monde, sont ici à Cologne comme des témoins vivants de la
solidarité, de la fraternité et de l’amour. Je souhaite de tout mon
cœur, chers amis musulmans, que le Dieu miséricordieux et plein de
compassion vous protège, vous bénisse et vous éclaire toujours. Que
le Dieu de la paix soutienne nos cœurs, nourrisse notre espérance et
guide nos pas sur les chemins du monde !
[Traduction de l’original en allemand distribué par la salle de
presse du Saint-Siège]
ZF05082008
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